Le candidat à la présidentielle afghane, Ashraf Ghani, a estimé samedi qu'il serait «inacceptable» que les résultats du scrutin, soient de nouveau reportés pour examiner les soupçons de fraude. «Un nouveau report des résultats des élections (serait) inacceptable pour nous et cela engendrerait une grave méfiance de la part de la population envers le processus électoral», a déclaré samedi M. Ghani lors d'une conférence de presse à Kaboul. Les premiers résultats du second tour du 14 juin, qui devaient initialement être publiés le 2 juillet par la commission électorale indépendante (IEC), doivent être présentés lundi. Devant les menaces de paralysie du scrutin, l'IEC a accepté de se pencher jusqu'à lundi sur 1.930 des quelque 23.000 bureaux de vote, espérant ainsi mettre fin au blocage entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, qui dénonce des bourrages d'urnes massifs en faveur de son rival. M. Ghani répondait samedi à l'équipe de M. Abdullah, dont le directeur de campagne Nusratullah Baryalai Arsalayee avait estimé jeudi, au contraire, que «l'examen de 1.930 bureaux de vote n'est pas suffisant et ne changera rien», suggérant ainsi un délai plus long pour l'examen des voix potentiellement frauduleuses. Les discussions entre les deux camps se poursuivaient samedi, mais sans qu'aucun consensus ne se dégage. «Nous espérons que la commission va annoncer les résultats préliminaires, comme promis», a insisté samedi M. Ghani qui ne se dit toutefois pas opposé à un élargissement de l'audit si les résultats sont rendus à temps. «La date du (lundi) 7 juillet n'est pas discutable et est irréversible pour nous. Les Afghans attendent l'annonce des résultats. L'IEC doit écouter les Afghans», a-t-il ajouté. Comme l'équipe de M. Abdullah, la mission d'observation de l'Union européenne (UE) en Afghanistan a préconisé jeudi d'élargir l'audit à 6.000 bureaux de vote au lieu de 1.930. Vendredi, l'influent sénateur républicain John McCain et son collègue du Sénat américain Lindsey Graham, en visite à Kaboul, ont insisté sur l'importance d'un processus électoral en douceur en Afghanistan, pour ne pas mettre en danger la relation entre Kaboul et Washington, le principal bailleur de fonds du pays. Le scrutin doit donner au pays un successeur à Hamid Karzaï, en place depuis la chute des talibans en 2001. Une fois les résultats préliminaires publiés, un délai de quelques jours est prévu pour examiner des plaintes, avant le résultat final prévu le 24 juillet et l'investiture du nouveau président le 2 août. Face à une impasse politique persistante, certains observateurs craignent un regain de tensions entre les Tadjiks majoritaires au Nord, bastion des partisans de M. Abdullah, et les Pachtounes du Sud et l'Est, dont est issu M.Ghani. Or le pays aborde une période délicate avec le retrait prévu en fin d'année de la force de l'Otan. Dans ce contexte, une attaque a détruit vendredi soir des dizaines de camions-citernes remplis de carburant près de Kaboul, un acte revendiqué par les talibans après deux autres attaques cette semaine dans la capitale dont un attentat suicide meurtrier.