Les forces aériennes émiraties sont-elles derrière les mystérieuses frappes contre les islamistes libyens comme l'en accuse l'Occident? «Les Emirats arabes unis ont mené ces raids», ont confirmé deux responsables américains à Washington, sans préciser si les Etats-Unis avaient été prévenus de ces opérations. Les Emirats arabes unis ont mené secrètement et avec l'appui de l'Egypte des frappes aériennes contre des milices islamistes en Libye, des «interférences extérieures» dénoncées lundi dernier par les pays occidentaux dans un communiqué commun. Washington, Paris, Londres, Berlin et Rome ont condamné les «interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions», ainsi que «l'escalade des combats et des violences» dans ce pays en plein chaos semé par des groupes islamistes. Selon le New York Times, qui a révélé l'information, les premières frappes ont eu lieu il y a une semaine à Tripoli contre des positions tenues par les milices et un dépôt d'armes, faisant six morts dans ces raids. Une deuxième série de frappes a eu lieu au sud de la capitale libyenne tôt samedi et a visé des lance-roquettes, des véhicules militaires et un entrepôt. Les Emirats ont utilisé leurs appareils et leurs équipages et l'Egypte a prêté des bases aériennes, selon le journal. «Les Emirats arabes unis ont mené ces raids», ont confirmé deux responsables américains à Washington, sans préciser si les Etats-Unis avaient été prévenus de ces opérations. Les islamistes, qui dominent l'Assemblée libyenne sortante, accusent le gouvernement et le Parlement issus des élections de juin et siégeant à Tobrouk d'être complices de ces raids. Réunie lundi dernier à Tripoli, l'Assemblée a chargé le même jour Omar al-Hassi, un pro-islamiste, de former un «gouvernement de salut national», considérant que les autorités de Tobrouk avaient «perdu toute légitimité». La situation dans le pays, en proie à l'anarchie depuis la chute de Maâmar El Gueddafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe: la Libye pourrait se voir doter de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux. Lors d'une conférence de presse avec le chef du Parlement à Tobrouk, M. Al-Theni a rejeté l'annonce de l'Assemblée sortante, affirmant: «la réunion est illégale, ses décisions sont illégales et le seul corps législatif légal est le Parlement» élu le 25 juin. Le Parlement a assuré son soutien à «l'armée pour qu'elle continue sa guerre (contre la coalition de milices islamistes Fajr Libya et le groupe jihadiste Ansar Ashari'â qui contrôle une bonne partie de Benghazi, la deuxième ville du pays) jusqu'à les contraindre à cesser les tueries et à remettre leurs armes». Ansar Ashari'â, classé «terroriste» par les Etats-Unis et les autorités libyennes, a appelé les autres milices islamistes, notamment Fajr Libya, à rejoindre ses rangs. «Proclamez que votre combat a pour objectif (l'application de la charia) et non celui de la légitimité démocratique pour que tout le monde s'unisse sous la même bannière», a ajouté le groupe. Cet appel du pied survient après l'annonce samedi par Fajr Libya de la prise de l'aéroport de Tripoli aux milices nationalistes de Zenten. Des images diffusées lundi dernier par la télévision Annabaa semblent confirmer cette prise. Elles montrent la salle d'embarcation de l'aéroport ravagée et une dizaine d'avions de compagnies libyennes légèrement endommagés par les combats. Sur le plan diplomatique, les pays voisins de la Libye, réunis lundi au Caire, ont assuré leur soutien «aux institutions libyennes légitimes, à leur tête le Parlement élu, représentant l'expression de la volonté populaire libyenne». Ils ont par ailleurs appelé au désarmement des milices, rejetant toute «ingérence» étrangère dans les affaires de ce pays.