Moscou a annoncé mardi le début du retrait de ces troupes engagées dans des manœuvres militaires près de la frontière ukrainienne, alors que les Occidentaux attendent un geste concret d'apaisement et de désescalade à moins d'une semaine de la présidentielle anticipée en Ukraine. "Les commandants, dans les zones où avaient lieu les manœuvres, sont en train de préciser les itinéraires et le plan de mouvement vers les stations d'embarquement (sur des trains, NDLR)", a annoncé mardi le ministère russe de la Défense. Le ministère a précisé que "les hommes ont entrepris de démonter les camps de toile, de charger les équipements et de former des colonnes de véhicules et de blindés". Lundi, le Kremlin a annoncé que le président Vladimir Poutine avait donné l'ordre d'un retour dans leurs casernes des soldats massés depuis des semaines près de la frontière ukrainienne. "Vladimir Poutine a donné l'ordre au ministre de la Défense de rappeler les troupes dans leurs garnisons (...) en raison de l'achèvement des exercices qui avaient requis leur déplacement dans les régions de Rostov (sur-le-Don), Belgorod et Briansk", voisines de l'Ukraine, a indiqué le Kremlin. Parallèlement au retrait des soldats russes, M. Poutine a appelé Kiev à "mettre fin immédiatement à l'opération répressive et aux violences, ainsi qu'au retrait des troupes", dans une allusion à l'opération "antiterroriste" lancée par l'armée ukrainienne. Les Occidentaux en attente de signes concrets d'une désescalade L'annonce par le Kremlin du rappel des troupes dans leurs garnisons intervient alors que les Etats-Unis et l'Alliance atlantique (OTAN) disent n'avoir pour l'instant pas d'éléments prouvant le retrait des milliers d'hommes massés depuis mars près de la frontière ukrainienne. Les Etats-Unis n'ont pas encore vu d'"indice" d'un retrait des troupes russes des zones frontalières avec l'Ukraine, annoncé par le Kremlin, a indiqué Jay Carney, le porte-parole du président Barack Obama. "Nous avons appelé l'armée russe à faire baisser les tensions, donc un tel retrait serait le bienvenu", a-t-il ajouté. De son côté, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a dit que "malheureusement, je dois dire que nous n'avons vu aucune preuve que la Russie avait commencé à retirer" ses troupes. "C'est la troisième déclaration de Poutine" annonçant une telle décision "mais nous n'avons toujours pas vu de retrait", a souligné M. Rasmussen. "Je le regrette car ce serait le signe d'une désescalade et si un jour nous voyons les signes d'un retrait, je serai le premier à m'en réjouir", a-t-il expliqué. Une élection sous haute tension dans l'Est ukrainien A moins d'une semaine de l'élection présidentielle, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a reconnu qu'il sera difficile d'organiser l'élection dans certaines localités (de l'Est). Le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov a, de son côté, précisé que des "groupes spéciaux" seraient chargés d'assurer la sécurité du scrutin dans l'est, qui connaît un regain de violence. D'ailleurs, la Commission centrale électorale, a exprimé dans un communiqué, ses inquiétudes de l'"impossibilité" de préparer et d'organiser ce scrutin dans de nombreuses parties des régions de Donetsk et de Lougansk qui ont proclamé leur "souveraineté" après des référendums d'indépendance. Pour sa part, le médiateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour l'Ukraine, le diplomate allemand Wolfgang Ischinger, s'attend à un déroulement "plus ou moins normal" des élections dimanche, sauf dans une partie des régions orientales. "Nous parlons ici d'un ordre de grandeur qui sera vraisemblablement inférieur à 10%" des villes, où les élections seront perturbées, a-t-il précisé. Quant à la Russie qui a donné des signes d'apaisement à l'approche de la présidentielle du 25 mai en Ukraine, elle a émis suffisamment de réserves pour ne pas cautionner un vote "au son des canons" qui n'est pas conforme au caractère "démocratique". "On peut se demander si le déroulement d'élections au sons des canons est conforme aux normes démocratiques d'un processus électoral", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. L'armée ukrainienne mène depuis la mi-avril une opération militaire contre les séparatistes armés pro-russes qui contrôlent en grande partie les régions de Donetsk et de Lougansk dans l'est du pays. L'opération a fait près de 130 morts - forces ukrainiennes, séparatistes et civils - en un mois, selon l'ONU.