Alors que l'Algérie n'a pas encore installé son autorité de régulation audiovisuelle et que le Maroc est en débat profond avec ses structures, la Tunisie avance bien dans le domaine audiovisuel. En effet, en Tunisie, 27 médias audiovisuels privés ou associatifs ont une licence. Ils étaient 70 candidatures. La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) n'a accepté que 27 dossiers. Ce sont 21 stations de radio et six chaînes de télévision, contre 43 qui se sont vu refuser la licence. En plus, il y a une dizaine de supports qui n'avaient même pas déposé de dossier. Parmi eux, Mosaique FM, Express FM, Cap FM et Jawhara FM, ainsi que Nessma TV et Hannibal tv. Des sources à la Haica indiquent que les responsables de ces chaînes de radio et de télé n'ont pas déposé de dossier parce qu'ils contestent la venue d'une concurrence supplémentaire sur le marché de la publicité. En effet, parmi les 27 médias autorisés, il y a 15 nouveaux et les 12 à qui la Haica avait déjà accordé l'autorisation provisoire. L'instance de régulation rappelle que les licences ne seront opératoires qu'après la signature des cahiers des charges et de la convention de licence. Les autres recalés sont Ettounsiya TV, Janoubia TV ou encore Zitouna TV. Des chaînes à tendance islamiste. Ces chaînes ont été exclues, car elles violaient l'article 9 des cahiers des charges de la Haica selon lequel l'entreprise audiovisuelle ne peut être détenue ou gérée par un leader politique. Les dernières attributions de licence par la Haica sont contestées au sein des médias tunisiens. Les stations de radio HFM et Horria FM ont même organisé des sit-in au siège de la Haica. Ici pourtant, on affirme que les critères de sélection ont été commandés par la transparence financière de l'entreprise médiatique, la pérennité et la diversité du projet, ainsi que la conformité technique et professionnelle dudit média. La Haica prévient que des sanctions seront prises contre les médias qui continueront de diffuser sans avoir préalablement régularisé leur situation. Ceux-ci s'exposent à une suspension. Le régulateur se dit engagé dans une difficile mission de recomposition du paysage audiovisuel tunisien. Ce qui est sûr, est que la Tunisie devient le pays qui possède officiellement le plus grand nombre de télévisions et radios privées dans le Maghreb. Cette situation est le résultat de la politique d'une autorité de régulation très indépendante qui n'obéit pas au pouvoir politique en place. La Tunisie qui est gouvernée par des responsables islamistes possède des institutions très républicaines, qui ne se plient pas aux diktats des islamistes. [email protected]