La goélette Tara Les difficultés liées aux pollutions venant de la terre se multiplient, mettant sous pression l'écosystème marin essentiel pour les populations et pour la vie en général. La goélette d'exploration Tara réalise une expédition en Méditerranée de mai à novembre 2014. Cette mission, dont l'escale algérienne a été préparée en étroite collaboration entre Tara, l'ambassade de France en Algérie et l'Enssmal, comporte à la fois un volet scientifique sur la pollution plastique et un volet de sensibilisation sur les nombreux enjeux environnementaux liés à la mer Méditerranée. 450 millions d'habitants vivent sur les zones côtières de la Méditerranée. Par ses caractéristiques géographiques et climatiques, la Méditerranée abrite aussi près de 8% de la diversité biologique marine, même si elle ne représente que 0,8% de la surface de l'Océan. Aujourd'hui, ses mégapoles sont saturées, la Méditerranée concentre 30% du trafic maritime mondial, les difficultés liées aux pollutions venant de la terre se multiplient, mettant sous pression l'écosystème marin essentiel pour les populations et pour la vie en général. Parmi ces pollutions, la présence croissante de micro-plastiques dans la mer et leur probable incorporation dans la chaîne alimentaire, et donc dans nos assiettes, pose question. Il est urgent d'avancer vers des solutions concrètes comme l'assainissement des eaux, la gestion des déchets, l'innovation pour un plastique biodégradable, la promotion du tourisme durable ou la création d'aires marines protégées. Une étude scientifique est menée à bord de Tara sur la pollution plastique en mer, coordonnée par le Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-mer (université Pierre et Marie Curie et Cnrs) en France et l'université du Michigan aux Etats-Unis. L'accumulation de débris plastiques dans la nature est «l'un des changements récents le plus répandu et durable sur la surface de notre planète» (Barnes et al, 2009), et l'une des grandes préoccupations environnementales de notre temps. Pourtant, nous connaissons trop peu de choses sur ce qu'il advient de ces plastiques et sur leurs rôles dans la dynamique des écosystèmes, pour pouvoir prédire leurs impacts à venir sur les océans de notre planète et sur l'homme. Dans le but de combler cette lacune, les scientifiques réalisent à bord de Tara une mission interdisciplinaire, afin de mieux comprendre les impacts du plastique au niveau de l'écosystème méditerranéen. Elle quantifie les fragments de plastique, ainsi que la taille et le poids de ces fragments. Elle qualifie aussi les matières plastiques (ainsi que les polluants organiques liés au plastique) qui se répandent en mer. Encore inconnus, de véritables écosystèmes microscopiques et macroscopiques (bactéries, protozoaires, micro-algues, crustacés, mollusques etc.) se développent à la surface de ces fragments de plastique posant des questions sur l'entrée probable de ces polluants dans la chaîne alimentaire. «Ce plastique flottant charrié par les grands fleuves qui se jettent en Méditerranée est devenu une composante de son écosystème qui influence la chimie de la mer», explique le Dr Gaby Gorsky, responsable scientifique de la mission et directeur de l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur- Mer (Cnrs). Après son premier passage en 2009 pendant l'expédition Tara Océans, le voilier fera escale en Algérie, à Alger, du 9 au 12 septembre 2014 pour rencontrer le monde universitaire et scientifique et pour partager ses missions environnementales.