Tous ces voyants qui étaient au vert, il y a peu de temps, ont commencé à virer à l'orange depuis le début de l'année dernière. 2013 a été clôturée avec un déficit de la balance commerciale de quelque 50%! L'Algérie a-t-elle vécu au-dessus de ses moyens? N'a-t-elle pas assez anticipé la chute des prix du pétrole? Autant de questions chassées par le projet de loi de finances 2015 qui a fait la part belle aux dépenses d'équipement qui ont augmenté de 32% par rapport à 2014 alors que les budgets de fonctionnement ont connu un bond de 5,5%. Même si le Trésor public n'est pas près de ses sous. L'heure est toutefois à la prudence. L'enveloppe financière exceptionnelle dont a bénéficié le ministère de la Défense est légitime vu le caractère particulier du climat sécuritaire qui règne à nos frontières. Comme c'est le cas pour l'éducation et l'habitat qui demeurent deux secteurs qui ont cristallisé ces dernières années les revendications et tensions sociales. Pour d'autres, c'est pratiquement de l'argent jeté par les fenêtres. Les propos du Premier ministre en attestent. «Plusieurs études sur la Casbah ont été réalisées et que l'Etat a alloué des budgets importants à cet effet. Mais il y a des lacunes sur le terrain», a relevé jeudi dernier Abdelmalek Sellal, lors d'une rencontre avec les autorités locales de la wilaya d'Alger. Gouverner, c'est prévoir! L'Exécutif devrait faire sienne cette devise. Malheureusement et au regard des statistisques, au demeurant officielles, rendues publiques, il ne donne pas l'impression de vouloir y opter. Les indicateurs l'incitent pourtant à la circonspection. Les prix du pétrole baissent dangereusement. Au point de remettre sur le tapis la question de la menace sur les équilibres budgétaires qui nécessitent selon la Banque d'Algérie un baril de pétrole de l'ordre de 112 dollars. Le Sahara blend, brut de référence algérien a dévissé de près de 6 dollars au mois d'août pour se maintenir tout juste au-dessus de la barre des 100 dollars, entraînant dans son sillage une baisse des recettes pétrolières alors que les exportations d'hydrocarbures qui représentent quelque 97% des revenus engangés par l'économie nationale sont en berne. Dans la foulée on nous annonce une baisse de la production céréalière de l'ordre de 30% pour la campagne 2013/2014. «Cette année, nous avons eu à enregistrer une production de 34 millions de quintaux, toutes céréales confondues», a déclaré le 11 septembre, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri à la presse en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation.Elle s'était établie à 49,1 millions de quintaux la saison dernière alors qu'elle avait atteint 51,2 millions de quintaux en 2011/2012. Tous ces voyants qui étaient au vert il y a peu de temps ont commencé à virer à l'orange puis au rouge depuis le début de l'année dernière. L'Algérie a clôturé 2013 avec un déficit de sa balance commerciale de quelque 50%! Les exportations d'hydrocarbures qui assurent désormais des revenus de quelque 67 milliards de dollars bon an mal an sont, par ailleurs, gangrénées par une facture des importations qui risque de les égaler. Elle a dépassé les 55 milliards de dollars en 2013. Elle était de 20 milliards en 2004, 21 milliards en 2006, 27,63 milliards en 2007 près de 40 milliards en 2008 et de plus de 46 milliards en 2012. Si l'on en juge par le bond spectaculaire qu'elle a effectué ces dernières années et la conjoncture défavorable du marché pétrolier, il est permis de constater que les recettes des hydrocarbures n'arriveront bientôt plus à satisfaire la demande nationale. L'Algérie importe de tout (médicaments, blé, poudre de lait, vêtements, cosmétiques, voitures, viandes, fruits...). Neuf milliards de dollars environ sont consacrés annuellement à l'alimentation de base des Algériens (céréales, lait, légumes secs...). La facture des importations alimentaires, à elle seule, avoisinait les 20% de l'enveloppe globale des importations en 2012, honorée grace aux hydrocarbures qui risquent paradoxalement de ne plus assurer la demande nationale d'énergie. «Nous n'avons d'autre alternative que de mobiliser toutes les sources d'énergie, car les hydrocarbures devront couvrir 90% de la demande énergétique de l'Algérie à l'avenir», avait déclaré, le 27 janvier 2013, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, face aux membres du Conseil de la nation. «Nos besoins en énergie augmentent constamment, en parallèle, les revenus nécessaires à notre économie s'accroissent», a souligné le ministre. Au vu de toutes ces considérations, l'Algérie finira-t-elle par puiser dans sa cagnotte (200 milliards de dollars) pour assurer l'essentiel à sa population après avoir cassé sa tirelire (260 milliards de dollars pour le programme quinquennal 2014-2019?) Une éventualité autour de laquelle est fait le silence pour le moment. Comme pour éloigner le mauvais oeil. Pour éloigner le spectre d'une crise dévastatrice..