Subvention des produits de large consommation, remboursement de la dette, corruption et gaspillages ont fini par éroder les finances de l'Algérie. De 2000 à 2008, l'Algérie a pu engranger 350 milliards de dollars de revenus suite à l'exportation des hydrocarbures. Rien que l'année dernière, le Trésor a pu accumuler 76 milliards de dollars alors que les prévisions tablaient sur 80 milliards. Pour 2009, la chute des revenus sera plus drastique et représentera la moitié de ce qui a été récolté l'année dernière. Ces données montrent d'abord la vulnérabilité de l'économie de l'Algérie vis-à-vis des hydrocarbures. Ce sont d'abord les importations qui sont tributaires des prix des hydrocarbures. D'ailleurs, depuis l'apparition de la crise financière en septembre de l'année dernière, les prix des hydrocarbures ont commencé à chuter. La réaction de l'Algérie, plusieurs mois après, a été de prendre des mesures pour réduire le montant des transferts des devises à l'étranger, car selon l'analyse du gouvernement, il n'est plus possible de poursuivre une propension à la dépense de 40 milliards de dollars par an sans menacer les équilibres des finances locales. D'ailleurs, une partie des 350 milliards de dollars de recettes est dépensée en paiement des flux d'importation. Dans les importations, il y a les machines et les équipements qui ne sont pas des biens que le commun des mortels peut apercevoir car ils sont destinés aux usines, mais il y a aussi tous les produits destinés au grand public comme les médicaments et les céréales. Les dépenses ne sont pas le seul poste auquel sont destinés les revenus des hydrocarbures. Depuis quelques années, le gouvernement a aussi pris l'initiative d'instituer le Fonds de régulation des recettes. Il a pour objectif de recevoir les excédents du prix du pétrole au-delà d'un certain seuil fixé par la loi de finances. Pendant longtemps, le prix de référence a été fixé à 19 dollars alors que le pétrole se vendait au-delà de ce prix. C'est la différence entre les deux paramètres qui est épargnée au sein du fonds. Cette pratique n'est pas nouvelle et elle est déjà en vigueur dans des pays du Golfe comme le Qatar et dans des pays européens comme la Norvège depuis plusieurs décennies. La finalité était d'investir l'excédent monétaire afin de réaliser des plus-values réservées aux générations futures lorsque le pétrole ne coulera plus à flots. Les ressources accumulées par ce fonds ont atteint plus de 4 300 milliards. Si les revenus persistent à baisser, il sera possible de puiser de ces réserves pour financer au moins les salaires des fonctionnaires. Une autre partie des ressources est destinée à alimenter les réserves de change. Elles sont actuellement de plus de 143,1 milliards de dollars. Ces avoirs servent à payer la facture des importations dans le cas où les recettes des exportations des hydrocarbures ne suffisaient plus. Mais c'est ce scénario que le gouvernement veut éviter car il suffit de quelques années de disette pour que ces réserves fondent. Pendant longtemps, les revenus pétroliers de l'Algérie ont été destinés à payer la dette extérieure réduite de 30 à 5 milliards de dollars en quelques années. Tous ces paramètres témoignent de la solidité de la situation financière du pays. Mais on ne sait pas pour combien de temps. Cet avertissement a été porté même par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les parlementaires. Selon lui, la principale question n'est pas de savoir ce qu'on fait de l'argent du pétrole mais de savoir si d'autres alternatives ont été mises en oeuvre pour pouvoir s'en passer. Car pour l'instant, tout est financé grâce à la manne pétrolière. C'est le cas pour la construction des autoroutes, pour le fonctionnement des hôpitaux et pour le paiement des salaires des enseignants, des policiers et tous les autres fonctionnaires. L'Etat utilise aussi cet argent pour dégager l'équivalent de 10 milliards de dollars par an au titre des transferts sociaux. C'est grâce à cette démarche que les prix du lait et des céréales sont soutenus et que la différence par rapport au prix de vente au consommateur final a pu être supportée. L'Etat subventionne aussi le logement en prenant en charge, à la place des promoteurs, une partie du prix des assiettes foncières et en payant des taux d'intérêt aux banques à la place des clients. Pourtant, il ne faut pas oublier que les gaspillages, même s'ils ne sont pas chiffrés, ne sont pas négligeables absorbant une partie des revenus de la nation. La corruption a aussi un coût puisque les montants qui servent aux passe-droits sont ponctionnés de ces revenus. Ce qui nous renvoie à l'affaire des 26 milliards de dollars évoquée par un ancien Premier ministre...