Le secrétaire d'Etat US John Kerry a apporté son soutien hier à Baghdad au nouveau gouvernement irakien qui aura un rôle clé dans la stratégie contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI), révélée en soirée d'hier par Obama. Les efforts internationaux se sont accélérés pour contrer la menace grandissante posée par l'EI, qui multiplie les exactions dans les régions conquises en Irak et en Syrie et a décapité deux journalistes américains, le président français François Hollande se rendant demain en Irak avant d'organiser lundi à Paris une conférence sur ce pays. M.Kerry a lancé à Baghdad une tournée destinée à rallier des pays de la région à une coalition internationale que Washington met en place pour tenter d'éradiquer ce groupe extrémiste sunnite, après avoir apporté un soutien aérien et en armes pour freiner la progression de ses combattants dans le nord de l'Irak. Durant sa visite, marquée par un double attentat qui a fait au moins 12 morts, M. Kerry a félicité le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi pour son «engagement» à combattre l'EI et à entreprendre des réformes «nécessaires» pour impliquer toutes les communautés dans la prise de décisions. M.Abadi a affirmé que son pays était «résolu à combattre ce cancer en Irak (...)», affirmant que «la communauté internationale a la responsabilité de protéger l'Irak et la région toute entière» de «cette organisation terroriste». Le secrétaire d'Etat, qui effectue sa deuxième visite en Irak depuis le début de l'offensive jihadiste le 9 juin, devait évoquer les moyens d'accroître le soutien américain à l'Irak et le «rôle crucial» que doit jouer ce pays dans la construction de la coalition, selon un responsable américain. Après Baghdad, M.Kerry se rend aujourd'hui à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, pour rencontrer les chefs de la diplomatie des six monarchies du Golfe pour discuter des moyens d'éliminer à terme toute présence de l'EI dans la région. Des représentants d'Irak, de Jordanie, d'Egypte et de Turquie y seront présents. Pour M.Kerry, il s'agit de mettre sur pied «la plus large coalition possible de partenaires (...) afin de faire face, d'affaiblir et au final de vaincre l'EI». Et «presque tous les pays ont un rôle à jouer pour éliminer le mal qu'il représente». Les Etats-Unis cherchent à élargir leur action militaire alors qu'ils mènent depuis le 8 août des frappes sur des positions de l'EI dans le nord irakien qui a été déterminante dans la reprise par les forces fédérales et kurdes de certains secteurs après leur initiale déroute au début de l'offensive jihadiste. Mais après la décapitation des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, et la menace d'exécuter un otage britannique, les Etats-Unis sont passés à la vitesse supérieure notamment dans la foulée du sommet de l'Otan vendredi dernier, où plusieurs pays ont jeté les bases d'une coalition anti-jihadistes. Après des hésitations qui lui avaient valu de nombreuses critiques, le président américain devait présenter dans la soirée d'hier (aujourd'hui 01H00 GMT) la stratégie des Etats-Unis pour «affaiblir et, à terme, détruire» l'EI, mais restera fidèle à son credo -pas de troupes américaines de combat au sol-. Il ne fera pas d'annonces précises sur le calendrier, mais «il ne s'agit pas d'une opération à court terme», a dit la Maison Blanche, alors que M. Kerry a reconnu que ce combat «pourrait prendre un an, deux ans, trois ans». Le principal point d'interrogation porte sur d'éventuels bombardements sur la Syrie, où les jihadistes sunnites ont profité de la guerre civile pour s'emparer de pans de territoire, déclarant fin juin un califat sur les régions conquises en Syrie et en Irak. groupe à Idleb (nord-ouest).