1984-2004. Le code de la famille, que certains ont surnommé non sans dépit le code de l'infamie, et qui fait de la femme une mineure à vie, a vingt ans. L'âge de raison ou l'âge des fleurs, selon le point de vue où l'on se place. Deux arguments sont à prendre en considération pour sa révision : d'un côté la femme algérienne a participé activement à la lutte pour la libération du pays, ce qui lui donne des droits égaux à ceux de l'homme. Ensuite, les pays maghrébins voisins, - la Tunisie d'abord depuis Habib Bourguiba et le Maroc ensuite sous Mohammed VI - nous montrent le chemin à suivre. Ces deux pays frères ne sont ni moins patriotes ni moins musulmans que l'Algérie. Mais l'argument qui milite vraiment en faveur de la révision du code de la famille, c'est le fait que l'égalité entre l'homme et la femme est consacrée par la loi fondamentale du pays. En partant de ce principe, on peut même penser que le Conseil constitutionnel est habilité à supprimer les clauses qui créent une ségrégation à l'égard de la femme. Cela dit, les dernières informations qui font état des propositions formulées par la commission présidée par Tayeb Belaïz ont de quoi donner de l'optimisme, en apportant des amendements qui vont dans le sens souhaité par les femmes algériennes. Ainsi, en cas de divorce, le logement conjugal n'est pas automatiquement attribué au mari, la femme se retrouvant du jour au lendemain à la rue, sans aucune protection. Quand elle a des parents qui peuvent la prendre en charge, passe, mais quand elle n'a personne sur qui compter, elle est livrée à tous les aléas de la vie. Le spectacle désolant des femmes qu'on peut voir le soir, sous les arcades du Front de mer, dormant sur des bouts de cartons, est éloquent en lui-même. C'est le dénuement et l'errance qui guettent un nombre croissant de femmes, auxquelles les structures étatiques sociales, quand elles existent, ne peuvent proposer autre chose que la mendicité et un bout de trottoir. L'autre proposition porte sur la suppression de l'autorisation parentale ou maritale pour les femmes qui voyagent. Certes, cette disposition ne concerne qu'une minorité de femmes, mais c'est une mesure qui fait injure à la dignité de la femme algérienne, qui peut par ailleurs assumer des responsabilités très importantes, en tant que juge, médecin, ingénieur, avocate, enseignante, ou tout simplement en tant que mère de famille.