Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé hier qu'il n'y aurait pas de coordination avec Damas pour d'éventuelles frappes américaines contre l'Etat islamique (EI) en Syrie mais que tout serait fait pour éviter les interférences malencontreuses. «Non nous n'allons pas coordonner (la campagne aérienne, ndlr) avec la Syrie. Nous allons bien sûr faire en sorte de prévenir les interférences et de nous assurer qu'ils (les Syriens) ne vont pas faire quelque chose qu'ils regretteraient encore plus», a dit M. Kerry dans une interview accordée à la chaîne CBS, enregistrée samedi au Caire et diffusée hier aux Etats-Unis. M. Kerry a utilisé le terme de «deconflict» qui en jargon militaire décrit les mesures de coordination pour éviter par exemple les risques de collision aérienne ou de tirs amis. «Nous n'allons pas coordonner, ce n'est pas un effort coopératif», a insisté M. Kerry, alors que les responsables syriens s'étaient dit favorables à des frappes contre les jihadistes extrémistes qui sont l'ennemi commun, à condition de les coordonner. Les Etats-Unis bombardent l'Etat islamique en Irak quotidiennement depuis le 8 août pour aider les forces irakiennes et kurdes à reprendre l'initiative. Le président Barack Obama a autorisé la semaine dernière des frappes aériennes en Syrie - où se trouve la base arrière de l'EI - mais pour l'heure les Etats-Unis ne sont pas encore passés aux actes. Le secrétaire d'Etat est en tournée depuis mercredi pour bâtir une coalition anti-EI la plus large possible. M. Kerry s'est montré satisfait de la réponse à sa requête estimant qu'il avait assez de soutien, aussi bien pour participer à des frappes aériennes qu'à tous les autres aspects de la guerre que les Etats-Unis veulent mener contre l'EI. M. Kerry a également précisé - sans les nommer - que certains membres de la coalition étaient prêts à envoyer des troupes au sol. «Mais ce n'est de toute façon pas ce que nous envisageons pour le moment», a-t-il souligné. Le président Obama a clairement indiqué qu'il n'enverrait pas de troupes de combat au sol. «Il y a des troupes au sol, qui ne nous appartiennent pas. On les appelle les Syriens. L'opposition syrienne est sur le terrain et c'est regrettable qu'elle ait combattu l'EI toute seule ces deux dernières années», a ajouté M. Kerry, notant que l'armement et l'entraînement de cette opposition syrienne étaient une partie importante de la stratégie du président Obama pour éliminer l'EI.