L'impact financier de l'abrogation de l'article 87 bis approche les 8 milliards de dollars Cette situation place le gouvernement et l'Ugta à la croisée des chemins: ils se retrouvent piégés par leurs propres promesses. Le gouvernement, le patronat et l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) se rencontreront demain à 9h du matin à Djenan El Mithaq (Alger) dans le cadre dune tripartite pas comme les autres. Les négociateurs auront dans les bras un lourd héritage que leur lègue la dernière tripartite qui s'est déroulée en février 2014. Il s'agit de leur propre legs, puisque ce sont les mêmes hommes qui ont fait ces promesses. Ils seront donc face à eux-mêmes. Le premier dossier explosif concerne la révision de l'article 87-bis du Code du travail dans le cadre de la loi de finances 2015. La décision a été prise lors de la dernière tripartite sans doute pour différer de nouvelles charges financières pour l'Etat. Les économistes algériens se sont évertués à évaluer les coûts financiers de cette abrogation. Le Dr Aderrahmane Mebtoul situe les incidences financières de cette abrogation entre 9 et 11 milliards de dollars. De son côté, le Pr en économie, Abdelhak Lamiri, avance un impacte financier de «6 à 7 milliards de dollars». Pour sa part, la Centrale syndicale, qui fait de l'abrogation de cet article son cheval de bataille, mentionne un chiffre astronomique qui dépasserait les 15 milliards d'euros! En somme, il sera question de milliards de dollars que coûtera ce dossier où l'Etat est le premier perdant. En effet, le plus grand nombre de travailleurs dont les salaires de base n'atteignent pas le Snmg (Salaire national minimum garanti) sont dans le secteur public. Le budget de fonctionnement ressentira fortement cette lourde dépense. Les conséquences seront également durement ressenties au plan extérieur puisque les équilibres financiers sont des plus fragiles avec une augmentation crescendo des importations. Le gouvernement a-t-il entendu le stridente alerte du ministre de l'Energie avant-hier à partir de Mostaganem? «C'est là une grande préoccupation! Et ce qui nous préoccupe davantage réside en cette tendance particulièrement rapide de ce cours du baril», a lâché M.Youcef Yousfi. Habituellement très peu loquace, les propos de M.Yousfi sonnent comme un appel à une plus grande rigueur budgétaire pour les années à venir. «Nous suivons avec une très grande attention cette évolution et nous sommes en train d'étudier les répercussions potentielles de cette chute qui s'entretient'' dans la durée» a-t-il dit ajoutant que «l'équilibre entre l'offre et la demande en pétrole est demeuré entre-temps relativement maintenu. Depuis le mois de juin, nous enregistrons des chutes qui culminent à 13% de manque à gagner». « C'est là une très grande préoccupation dont nous nous attelons à étudier les tenants et aboutissants» a-t-il appuyé. Des propos qui ne sont pas de nature à favoriser des dépenses faramineuses qu'impose l'abrogation de l'article 87 bis. Le deuxième dossier tout aussi explosif concerne le retour du crédit à la consommation. Si le gouvernement se targue d'avoir abrogé l'article 87 bis, l'Ugta en revanche, c'est le retour du crédit à la consommation qu'elle brandit comme butin de guerre. Le crédit en question devait concerner la production nationale. Et c'est le clou. C'est quoi la production nationale? La Centrale syndicale fixe la barre à un taux d'intégration de 40%, ce que de nombreux observateurs considèrent excessif dans la mesure ou rares, très rares sont les entreprises algériennes qui peuvent se prévaloir de ce taux. Le débat est ouvert et s'ouvre avec une brèche pour le lobby de l'importation. Des sources syndicales rapportent qu' «il y a une réelle volonté au niveau de l'Assemblée d'élargir le crédit à la consommation à des produits tout simplement importés». Cette situation place le gouvernement et l'Ugta à la croisée des chemins: ils se retrouvent piégés par leurs propres promesses.