Attendue avec impatience par le monde du travail, la révision de l'article 87 bis de la loi 90/11 relatif au salaire national minimum garanti (SNMG) pourrait enfin avoir lieu. Le maintien de cet article a, rappelle-t-on, empêché les travailleurs de bénéficier réellement des augmentations qu'a connues le SNMG. La minitripartite tenue, jeudi dernier, au Palais du gouvernement et ayant regroupé le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, le partenaire social et les représentants des opérateurs économiques publics et privés, a, en tout cas, redonné espoir aux « smicards ». Mais le suspense dure encore. Cette rencontre, annoncée depuis la tripartite du 3 mars dernier, s'est soldée, en effet, par l'installation de quatre groupes de travail chargés de se pencher sur tous les obstacles empêchant encore l'élaboration d'un pacte économique et social. L'un de ces groupes traitera exclusivement le dossier relatif à l'article 87 bis. Au même titre que les autres groupes, celui-ci entamera son travail durant la semaine du 7 au 11 mai prochain. L'initiative est encouragée par le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Au terme de cette réunion, le patron de la centrale syndicale s'est dit satisfait des résultats de sa rencontre avec le chef du gouvernement et les représentants du patronat public et privé. « Nous avons arraché le principe de la révision de l'article 87 bis. C'est une revendication tout à fait légitime des travailleurs », a-t-il déclaré. L'atelier chargé de ce dossier est, a indiqué Sidi Saïd, divisé en deux sous-groupes : le premier étudiera la question du statut de la Fonction publique. Le second se consacrera, en revanche, à l'étude du dossier des entreprises économiques privées et publiques. Il s'agirait, pour ce dernier groupe, d'uniformiser la réglementation de sorte à mettre les travailleurs sur un pied d'égalité. Il est reconnu que les travailleurs du secteur privé sont mieux payés que ceux travaillant dans les entreprises publiques. Et le travail devrait consister à valoriser les salaires des entreprises publiques. « Les travailleurs des deux secteurs n'ont pas le même statut », a reconnu M. Sidi Saïd, avant d'évoquer la nécessité d'aboutir à un accord « équilibré ». « Je pense que nous nous acheminerons vers des accords qui permettront aux travailleurs d'avoir une bouffée d'oxygène. En même temps, ils (les accords, Ndlr) seront conçus de telle manière à ne pas créer de grands déséquilibres financiers pour l'Etat algérien », a-t-il souligné. A rappeler que l'abrogation de article 87 bis obligera l'Etat et les entreprises à augmenter leurs charges salariales. Celle-ci devrait être de 540 milliards de dinars. Le dossier a d'ailleurs suscité une vive contestation des organisations patronales lors de la tripartite de mars dernier. Mais il semble que cette fois le principe de la révision de cet article soit acquis pour l'UGTA. Reste à savoir le contenu de cet accord équilibré. Sidi Saïd n'a pas voulu s'étaler davantage sur la question. Après avoir défini le cadre de la rencontre, le chef du gouvernement, Ahmed Oyahia, a indiqué pour sa part qu'il s'est entendu avec les chefs des sept organisations patronales présents à la rencontre et l'UGTA pour respecter les engagements pris lors de la dernière tripartite. En sus du groupe précité, d'autres ateliers ont été mis en place pour examiner, a-t-il dit, un projet de révision du Code du travail, les systèmes financier et bancaire ainsi que les aspects liés au pacte économique et social. Concernant le groupe qui suivra le système financier et bancaire, Ahmed Ouyahia a affirmé que celui-ci a entamé son travail. Des rencontres ont déjà eu lieu entre les patrons et l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). Dans ce contexte, il a annoncé la tenue, la semaine prochaine, d'une autre rencontre entre le PDG de la Banque d'Algérie et les organisations patronales. Ces rencontres entreront dans le cadre de la prise en charge des revendications des patrons concernant l'accès aux crédits. La programmation de ces rencontres a tranquillisé le patronat. Cela fera d'ailleurs dire à Habib Yousfi, de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), qu'« il y a beaucoup d'espoirs ». Ahmed Ouyahia a évoqué aussi le programme complémentaire de soutien à la relance économique, doté d'une enveloppe de 55 milliards de dollars, annoncé par le président Bouteflika au début du mois. Ce plan, a-t-il estimé, est offert aux entreprises. « Il vient en plus des mesures qui viendront faciliter l'accès aux crédits et les missions des opérateurs », a précisé le chef du gouvernement.