Les Kabyles veulent dialoguer. Plus que jamais ils croient aux vertus du dialogue et à la sincérité du Chef du gouvernement à donner une issue honorable à la crise kabyle. Les ârchs ont pris comme une provocation - «une de plus», disent-ils - l'offre de dialogue de M.Ali Benflis. Depuis que le service du Chef du gouvernement a fait part de sa volonté sincère pour la reprise du dialogue en vue de calmer les esprits en Kabylie, les ârchs ne décolèrent pas. Ils considèrent la démarche de Benflis comme une provocation, voire une tentative «visant à diviser la Kabylie». Les ârchs, dans un état de fébrilité et de «nervosité», ont fait part de leur refus sans toutefois livrer les raisons exactes d'une telle fin de non-recevoir à l'invitation du chef de l'Exécutif. Ce dernier, conscient des soubresauts et dissidences qui secouent les ârchs, compte, contrairement à certaines prévisions, ajourner son action pour ne pas paraître profiter de «la faiblesse» des ârchs. «On est tous des Algériens. Nous voulons dialoguer avec des délégués légitimes dûment mandatés par les Algériens de la Kabylie», a-t-on laissé entendre dans les milieux proches de Benflis. Mais une telle chose est-elle possible? Car au bras de fer qui oppose les ârchs au pouvoir s'est greffé, ces derniers jours, un autre duel entre délégués dialoguistes et délégués jusqu'au-boutistes. D'où la question de leadership à l'intérieur des ârchs où le plus souvent les tendances politiques ne semblent pas obéir au règlement et au mode de fonctionnement adoptés dès le départ par le mouvement. Le FFS qui, de son côté, refuse cependant «d'instrumentaliser» les ârchs ou d'en faire une affaire kabylo-kabyle, reste véritablement préoccupé par le comment «déghettoiser» le mouvement et le porter en dehors de la Kabylie active. Cette préoccupation répond au souci de mettre le mouvement citoyen à l'abri de la récupération et de la surenchère politicienne. Le RCD ainsi que ses divers intermédiaires, pour atteindre leur objectif qu'est la régionalisation, poussent le mouvement citoyen des ârchs à l'impasse. En faisant valoir les provocations du pouvoir, les délégués jusqu'au-boutistes risquent de faire dégoûter les ârchs aux Kabyles, comme ils l'ont fait précédemment avec leur parti et le MCB. «Nous refusons de soutenir des gens qui agissent en véritables mercenaires (...). Ces gens n'ont-ils pas détruit le MCB et leur propre parti? Qui nous dit aujourd'hui que ces gens ne veulent pas casser les ârchs?» , s'interroge-t-on en Kabylie.