Pour beaucoup, les terroristes n'ont pas attendu la réponse des autorités parce qu'ils savaient que l'Algérie ne traite pas et ne négocie pas. La décapitation en direct et l'assassinat du guide français Gourdel n'a pas diminué la mobilisation qui était extrême à Bouira. Une commission opérationnelle interwilaya siège en permanence pour suivre l'évolution des événements. Les quatre Algériens qui étaient avec le touriste français, libérés par les terroristes, ont été transférés à Blida au niveau du commandement national de la gendarmerie pour les besoins de l'enquête, l'inquiétude était visible sur tous les visages. Ainsi, la famille B. qui avait hébergé l'hôte français dira: «Nous avons l'habitude de recevoir nos amis étrangers sans jamais les déclarer. Aujourd'hui, on parle de poursuites pour avoir hébergé un étranger sans le déclarer.» L'annonce de la mort de l'otage sauvagement tué en direct est commentée différemment. Un spécialiste qui a requis l'anonymat nous déclarait avant la diffusion de la scène horrible:«Les terroristes ne resteront pas sur place, mais n'ont pas eu le temps d'aller loin surtout que l'otage reste un fardeau. Avec pareille pression, ils finiront par lâcher prise. A ce niveau, deux possibilités sont à envisager. Soit ils lâchent l'otage et se terrent, soit ils tuent la victime.» Pour beaucoup, les terroristes n'ont pas attendu la réponse des autorités parce qu'ils savaient que l'Algérie ne traite pas et ne négocie pas. Ils ont exécuté la victime et attendu le soir, pour la diffuser. Une rumeur annonce que les terroristes se seraient réfugiés dans la région d'Ouled Laâlam, dans la daïra de Kadiria sur les limites avec la wilaya de Boumerdès. Cette localisation, si elle venait à se confirmer authentifiera l'identité de la phalange. Al Fourkane est un groupe qui sévissait par le passé dans le triangle Béni Amrane-Tizi Gheniff et Kadiria, un vaste territoire qui s'étale sur trois wilayas. Quelques jours avant ce kidnapping, des randonneurs de la région de M'chedallah sont tombés nez à nez avec ce groupe qui a les délestés de leurs portables de leur argent avant de les chasser des lieux, sur les limites avec la forêt dense d'Ath Oulbane, sur les hauteurs entre les Ouacifs et Tikjda. Cette katiba a subi les coups de l'ANP et a réduit totalement son activisme. Quelques éléments continuent à semer la terreur parmi les humbles citoyens. Les survivants de ce groupe, une vingtaine au maximum selon une source, tentent avec pareille opération de semer le doute et de faire croire à une réelle puissance. Ces résidus s'empressent d'annoncerleur allégeance à toute organisation mondiale qui apparaît. En parlant d'eux, certains médias lourds connus leur font une publicité gratuite. Les cellules en veilleuse, il en existe et restent un soutien à ces résidus. Beaucoup de jeunes n'hésitent plus à faire l'éloge du Daesh sans connaître ses objectifs et ses intentions. L'enlèvement et l'assassinat de Hervé Gourdel sont perçus dans ces milieux comme une victoire de l'islam contre les mécréants. La réalité est tout autre puisque l'acte est simplement un crime abominable commis par des sanguinaires qui ont tué un simple citoyen français qui aimait l'Algérie et ses montagnes. L'expérience des forces spéciales algériennes, la preuve a été faite à Tiguentourine, reste un facteur non négligeable que les terroristes ont pris en compte dans leur décision finale de tuer le Français. La fermeté de notre armée et l'intransigeance face au crime ont peut-être précipité la mort du montagnard. Pour rappel, plus de 1 500 militaires avaient été déployés. Les réseaux de transmission sur l'ensemble du périmètre étaient sous écoute, des tireurs d'élite, des artificiers et des spécialistes des combats au corps à corps figurent parmi les unités dépêchées sur place. Les recherches et la traque ont été renforcées par des hélicoptères de l'ANP et de la Gendarmerie nationale qui survolent la zone encerclée et bouclée. L'opération qui continue est renforcée par les éléments des forces spéciales et les commandos de la Gendarmerie nationale, aguerris à pareille situation, alors que la région comprise entre les hauteurs de Saharidj jusqu'au col de Thirourda en passant par le col de Tizi Kouilal et le centre touristique de Tikjda à l'ouest sont sous très haute surveillance.