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"Je fais du théâtre avec mes dessins"
NAWEL LOUERRAD, BEDEISTE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 02 - 10 - 2014

Que ce soit dans Vêpres algériennes ou Back to bach, on sent l'âme humaine qui fond sous le trait nerveux de sa plume minimaliste. Comme un gouffre qu'elle veut explorer coûte que coûte et nous faire restituer sa vibration, son écho. Que dit-il? Qui est Nawel? réponses...
L'Expression: Tout d'abord qui est Nawel et comment êtes-vous venue au dessin et à la BD?
Nawel Louerrad: J'ai 33 ans. Je suis architecte de formation. Je suis diplômée d'Alger; ensuite j'ai fait un bref passage par les Beaux Arts d'Alger mais cela n'a pas duré. J'ai fait une formation de scénographe de théâtre à Nantes puis des études théâtrales à Montpellier. Je suis rentrée à ce moment-là. Donc je me destinais plus au théâtre. Je pense avoir fini par faire du théâtre avec mon dessin. La BD, je l'appréhende comme une manière de faire du théâtre toute seule, pour l'instant. Le chemin qui mène à la BD a été complexe parce que j'ai toujours été une dessinatrice compulsive. Et je crois que j'ai toujours écrit. L'envie de faire des BD c'est l'envie tout simplement de raconter des choses. Avoir l'impression de pouvoir raconter des choses.
Votre dernière BD qui s'appelle Back to Bach (éditions Dalimen), dont le titre est un jeu de mots, est très sombre, voire noire, on sent une certaine déception amoureuse qui se dessine en filigrane...
On m'a déjà dit ça mais ce n'est pas une déception amoureuse. C'est plutôt l'envie de parler d'un tas de sentiments, assez communs à tous finalement, telles que la culbutable, la mélancolie, et j'ai pris ce biais-là de parler avec le «je». C'est vrai que j'essaye de cerner des choses en moi, mais avec l'envie aussi- c'est peut-être prétentieux- de parler de choses plus universelles et de leur complexité.
C'est vraiment l'individu qui est fragmenté. Dans mon récit le «je» prend plusieurs formes, c'est une torture, une tasse, une personne. Mais en fait tous ces personnages-là sont des fragments qui nous constituent, dont on arrive rarement à rassembler dans un seul morceau. C'est ce que j'essaye d'explorer un peu. Ce qui constitue un individu de notre époque, en désordre.
Votre BD diffère des autres. Vous avez un trait spécial et on sent un certain onirisme dans votre univers. Votre trait est très minimaliste. Pourquoi ce choix?
Je ne sais pas si c'est un choix ou s'il s'est imposé à moi-même. Parce qu'il est né d'un long travail de carnet. J'ai souvent dessiné sur des carnets. Enormément, et j'ai accumulé beaucoup des dessins au stylo directement sur le papier sans passer par le crayon. Des dessins plutôt répétitifs. J'ai fini par développer ce trait-là qui part dans l'économie... il y a parfois des raccourcis dans les traits, les corps et c'est quelque chose qui est né au fil des années. Il n'a pas mal évolué. Et je me suis retrouvée au moment où je voulais écrire cette BD- là avec ce trait en main et je l'ai mise en oeuvre. C'est donc quelque chose qui s'est plus imposé à moi qu'un choix à proprement parler.
Vous aimez le cynisme dans l'écriture de vos personnages?
Je n'aime pas le cynisme en général. Donc j'espère que mes personnages ne le sont pas trop. Ils sont pourtant désorientés, même s'ils peuvent paraître un peu cyniques. Mais le cynisme en général, c'est quelque chose qui ne me parle pas trop. Moi-même je ne pense pas l'être. Donc j'essaye d'aller vers quelque chose pas d'authentique, car c'est un trop gros mot mais essayer de tirer le fil de quelque chose de vrai, en tout cas, d'une parole juste. Après, c'est toujours une grosse entreprise. C'est ensuite au lecteur de digérer à sa manière le travail.
Le titre Back to Bach renferme à la fois un clin d'oeil à Jean- Sébastien Bach et le fameux morceau de Amy Winehouse, Back To Black. Et vous réussissez finalement entièrement à lui donner un sens à travers le sentiment d'une profonde mélancolie et du tragique des personnages qui se dégagent de la BD. Votre trait est bien lyrique finalement, car en perpétuel mouvement, comme les états d'âme que vous dépeignez...
J'essaye d'aller vers ça. Ça fait plaisir de l'entendre. Je suis quelqu'un qui écoute énormément de musique baroque. D'où le Jean Sébastien Bach et je parle de son aspect obsédant dans cette BD. Et le clin d'oeil à Amy Winehouse se situe au niveau de la noirceur...ça correspond peut-être à la responsabilité qu'on a chacun envers l'autre. Et cette personne, Amy Winehouse a été en quelque sorte assassinée par son public, par cette fascination morbide que lui portait les médias etc. Cette noirceur concerne son personnage qui me touche par ce qu'elle est symptomatique de notre époque, j'ai l'impression. On se laisse tous aller à cette noirceur...Pas de manière passagère ni constructive. Elle est envahissante.
Des projets? Un mot sur votre prochaine BD?
Je suis dans une BD on va dire d'anticipation. De science-fiction. J'ai envie d'explorer plus ce type d'écriture-là. Et ça sera sombre mais j'espère avec des pointes d'humour. Je suis en plein travail sur cette BD.
Je suis qu'au dixième du boulot. Il en reste beaucoup derrière. C'est en plein chantier. Il y a une histoire de chardonneret dedans (maknine). Ça s'appellera donc peut-être Carduelis qui est le nom scientifique du chardonneret. Le héros qui est un astronaute au départ va se transformer en chardonneret.
On croit savoir que vous travaillez avec le réalisateur Mohamed Lakhdar Tati, sur son prochain documentaire. Pourriez-vous nous dire en quoi consistera votre collaboration et intervention?
J'espère que cela va vraiment se faire. Lakhdar Tati est venu vers moi quand il a lu ma dernière BD, pour que j'intervienne dans son documentaire qui était encore en écriture à l'époque. Un documentaire qui porte sur le sentiment amoureux et les relations amoureuses.
En parlant, je me suis dit que ce serait bien que j'intervienne avec des petites animations. J'ai l'habitude de faire en fait des petites animations, mais en boucle. Mais très petites, qui ont un rythme obsessionnel. Donc, je vais intervenir dans ce film avec quelques saynètes qui s'intégreraient à son écriture. On a discuté. Il m'a expliqué ce qu'il veut faire. Là, je suis encore en train d'y travailler. Je suis curieuse de voir le résultat. Pour le coup ça va passer par le montage. Je ne sais pas ce que ça va donner et ce que Mohamed Lakhdar va pouvoir en faire.
L'intégration du dessin ou de l'animation dans le cinéma, j'imagine que ça se fait pas mal. Là, je ne sais pas si ce n'est une première ou pas...Lakhdar travaille toujours sur le montage et moi, je dois encore travailler sur ces animations, là pour avancer avec lui dans l'écriture, pour qu'on ne soit pas en décalage, pour que ce ne soit pas juste des choses à intégrer.
Car il y a un dialogue qui s'est installé entre nous deux. Peut-être qu'il y verra de nouvelles choses, de nouveaux «besoins» et moi je vais intervenir à ce niveau-là, selon ma sensibilité. Ce sera vraiment de toutes petites animations qui ponctueraient son discours à lui.


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