Le ministre des Affaires étrangères du Front Polisario, Salek Ould Salek, a accusé hier, nommément la France d'être derrière les blocages que subit le processus de paix au Sahara occidental. «C'est la France qui tend la main au Maroc à chaque fois qu'il y a une initiative allant dans le sens contraire des visées marocaines sur le Sahara occidental», a-t-il déclaré hier à Alger, à des journalistes de la presse nationale, en marge du séminaire organisé à l'initiative de l'APN (Assemblée populaire nationale) sur le principe du «Droit des peuples à l'autodétermination» S'interrogeant sur «les raisons qui font que le Sahara occidental n'a pas la place qui lui revient au sein de la politique française», le ministre a expliqué: «Ce sont certains dirigeants et personnalités français qui privilégient leurs relations personnelles, qu'elles entretiennent avec le royaume marocain, au détriment des intérêts de la République.» Une déclaration chargée de symboles et illustrant à quel point la France se trouve impliquée dans un conflit qui dure depuis 1975. L'accusation du ministre devient plus justifiée quand la France a affiché son soutien direct à la proposition de la troisième voie, autonomie interne du Sahara occidental, qui selon les experts du droit international est en totale contradiction avec le principe de l'autodétermination. Cette troisième voie est contenue dans ce qui est appelé l'accord-cadre, lequel prévoit une large autonomie et des postes de responsabilités pour les fonctionnaires et dirigeant du Polisario. Une voie jugée, aussi bien par les dirigeants sahraouis que par les observateurs politiques, à contre, sens des accords de Houston, signés en 1997 entre le Maroc et le Front Polisario. Ces accords prévoyaient notamment un référendum à l'issue duquel le Sahara occidental ou serait définitivement rattaché au Maroc ou accéderait à son indépendance totale, une option défendue par l'Algérie. Ce dernier point, l'indépendance totale, n'est pas justement contenu dans l'accord - cadre soutenu par la France. Il stipule simplement la tenue d'un référendum, après six ans d'autonomie, sans qu'il y ait accès à l'indépendance. Le séminaire organisé par l'APN s'inscrit dans le cadre de la redynamisation de la diplomatie parlementaire. «Cette rencontre ne concerne pas uniquement le Sahara occidental ou la Palestine, deux questions qui nous tiennent à coeur, mais toutes les causes visant la liberté d'opinion et celle des peuples», a déclaré Bouguetaya, président de la commission des affaires étrangères de l'APN. Notons enfin que la rencontre à laquelle ont pris part plusieurs diplomates, des parlementaires des deux Chambres et des experts en droit international, s'est terminée sans qu'il y ait débat, chose pourtant souhaitée par plus d'un.