Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait assuré que l'Algérie avait étudié «les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars». Doit-on attendre d'avoir le couteau sous la gorge pour réagir? Le moment est peut- être venu de dévoiler ces «plans» qui doivent nous épargner une crise dévastatrice. Les Algériens ont le droit de savoir de quoi seront faits leurs lendemains. C'est le pacte qui les lie à ceux qui les gouvernent. A ceux qui ont la charge de la gestion de la cité. Surtout lorsqu'il est question de la santé du secteur pétrolier qui porte à bout de bras l'économie nationale. Les prix du pétrole continuent leur descente aux enfers et bien malin celui qui pronostiquera la fin de l'hémorragie. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a chuté, lundi dernier en cours d'échanges européens, jusqu'à 91,25 dollars. Son plus bas niveau depuis le 28 juin 2012. Une tendance qui s'est accentuée, hier. Il affichait 92,19 dollars hier vers la mi-journée. Soit une perte de 60 cents par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude (WTI) perdait pour sa part 45 cents à 89,89 dollars. Depuis la mi-juin, le Brent et le WTI ont dégringolé respectivement d'environ 20% et 16%. Des voix d'experts, d'observateurs avertis à titre individuel ou au sein d'institutions nationales et internationales (Banque d'Algérie, Fonds monétaire international, Banque mondiale) se sont élevées pour tirer la sonnette d'alarme. «Il est nécessaire de mener un travail ambitieux et soutenu de rééquilibrage des finances publiques pour placer la politique sur une trajectoire viable et veiller à épargner la richesse des hydrocarbures pour les générations futures», a conseillé Zeïne Zeïdane, le chef de la mission du Fonds monétaire international qui a séjourné dernièrement en Algérie. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait prévenu la Banque d'Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012. Le Sahara Blend, le brut de référence algérien, a dévissé de près de six dollars en août: 100,86 dollars le baril contre 106,74 dollars en juillet. La ligne rouge a été franchie! Le ministre de l'Energie avait lui aussi exprimé ses inquiétudes avant de démentir des propos qu'on lui aurait indûment attribués. «C'est là une grande préoccupation! Et ce qui nous préoccupe davantage réside en cette tendance (baissière, Ndlr) particulièrement rapide de ce cours du baril», aurait déclaré Youcef Yousfi en marge de sa visite de travail qu'il avait effectuée à Mostaganem, selon la presse nationale. «Les niveaux actuels des prix ne constituent pas une préoccupation particulière dans les milieux pétroliers», a-t-il affirmé le 17 septembre à l'APS. Volte, face? Tentative de dédramatisation? On n'en saura pas plus. Reste que le phénomène persiste. L'Algérie au même titre que les pays producteurs de pétrole qui dépendent de leurs exportations d'hydrocarbures qui leur garantissent la quasi-totalité de leurs revenus en devises (près de 97% pour l'Algérie) sont plus que jamais menacés par cette baisse ininterrompue des cours de l'or noir. «Les hydrocarbures ont continué à représenter l'essentiel des exportations algériennes avec une part de 95,84% du volume global des expéditions à l'international, soit 41,95 mds usd les huit mois de 2014 contre 42,13 mds usd à la même période de l'année dernière, enregistrant ainsi une légère diminution de 0,43%» indiquent les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Le Premier ministre reste de marbre. «L'Algérie pourra compter sur ses recettes pétrolières pour amorcer ce décollage économique, aidée par une production d'hydrocarbures, en hausse à partir de 2015, avec la mise en exploitation de plusieurs nouveaux gisements», avait déclaré Abdelmalek Sellal, lors de son dicours d'ouverture des travaux de la 17e tripartite qui s'est tenue à Alger le 18 septembre dernier. Comment inverser la courbe? Le gouvernement n'a pas encore donné sa recette.