Michèle Alliot-Marie accorde une «symbolique très forte» à sa visite de deux jours à Alger. Au premier jour de sa visite à Alger, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie a eu un programme chargé. Outre les entrevues qu'elle a eues avec notre chef de la diplomatie et le président de la République, également ministre de la Défense, la responsable française a pris part à une rencontre, à Djenane El-Mithak, à propos de la gestion des crises internationales. Par delà le côté «protocolaire» dont toutes les déclarations n'étaient pas exemptes, mais aussi le caractère inédit et historique d'une pareille visite, il convient de soulever que c'est la première fois qu'Alger et Paris envisagent de mettre sur les rails un «partenariat stratégique en matière de défense». Ce sont là les propres termes d'Alliot-Marie qui, dans sa communication devant de nombreux cadres algériens, a relevé la nécessité de «travailler ensemble pour combattre le terrorisme». Donnant l'air de riposter aux Américains à propos de la rumeur qui avait circulé sur leur installation militaire dans le sud du pays, la première responsable de la troisième force planétaire a évoqué la situation qui prévaut en Somalie et en Afghanistan pour souligner que «le terrorisme a frappé notamment en Afrique et menace (nos) frontières, en particulier dans la région sahélo-saharienne». Les grands enjeux liés à la lutte antiterroriste résident en effet dans le contrôle de ces vastes régions désertiques qui constituaient, jadis, le paradis des groupes que contrôlait El Para avant l'affaire de l'enlèvement des touristes européens. L'Algérie, qui souhaite prendre une part active dans le combat contre ce fléau, au moment où Al Qaîda tente de se redéployer au sud de nos frontières désertiques, a émis le voeu d'acquérir des armes qui lui permettent de mieux mener ce combat. Il semble que cette demande soit en passe d'être acceptée de la part des autorités parisiennes. Alliot-Marie, qui se réserve peut-être le droit d'en faire la déclaration explicite lors de sa rencontre aujourd'hui avec le chef d'état-major par intérim, Gaïd Salah, en donne déjà un avant-goût en soulignant que «dans la région méditerranéenne, l'Algérie et la France doivent être des modèles de coopération en faveur de la stabilité et du développement». Or, qui dit stabilité dit forcément lutte efficace et concertée contre le terrorisme islamiste international. A la suite de la rencontre qu'elle avait eue, hier avec Belkhadem, Alliot-Marie a également abondé dans le même sens en soulignant avoir abordé «à la fois la lutte policière et militaire» contre le terrorisme, de même que «les besoins qu'il peut y avoir». Elle ajoute, conformément aux voeux de Chirac, désireux d'améliorer notablement les relations entre les deux pays, qu'elle ne peut que se réjouir «de l'ajout du segment coopération militaire dans les relations entre l'Algérie et la France». A la suite de son entrevue avec le chef de l'Etat, Mme. Alliot-Marie a déclaré avoir effectué un très vaste tour d'horizon des relations bilatérales et de défense entre la France et l'Algérie. «Nous avons fait un très vaste tour d'horizon. Nous sommes partis des relations de défense bilatérales, nous avons parlé de la défense européenne», a indiqué Mme Alliot-Marie, à la sortie du palais présidentiel, après une rencontre de cinq heures avec M.Bouteflika qui l'avait conviée à un déjeuner. «Nous avons aussi parlé des grands problèmes internationaux qui intéressent nos deux pays. Ces discussions se sont déroulées dans une ambiance extrêmement détendues», a ajouté Mme Alliot-Marie.