Une scène du film Djazaïr mon amour Au programme de la salle El Mougar ce 14 octobre, 05 courts métrages seront projetés en présence des porteurs du projet ainsi que les réalisateurs des films. Ils viennent tous du Canada. Un est algérien d'origine et a dû quitter l'Algérie il y a 21 ans. Nous le retrouvons dans le court métrage, La douceur de ses mains, réalisé par Michaël Pineault. En 2013, cela fait donc 21 ans que la famille du narrateur a quitté l'Algérie à cause de la décennie noire. Il s'appelle Elias Djemil. Nous le retrouverons un peu plus tard, avec son propre court métrage. Là pour l'instant, on suit son retour chez lui. De mère russe et de père algérien, il décide donc d'aller revoir sa famille, basée à Oran. Malgré ses quelques défaillances techniques, le film reste attachant. Le jeune narrateur replonge dans le passé de son enfance et immortalise ces instants de bonheur présents, en photos noir et blanc, que l'on découvre dans ce film. Les retrouvailles familiales notamment avec sa grand-mère, aux mains très douces sont tendres et pleines d'humour. Dans un autre registre, moins personnel, et son documentaire de 19 mn, intitulé Au rythme du temps, Elias est allé au gré de sa villégiature dans sa ville natale, à la quête des autres. Chemin faisant, il rencontre un artiste. Il s'agit de Sadek Démocratoz qui évoque l'amour comme étant «la base de tout» pour faire de la musique. Les images oscillent entre le noir et blanc et les couleurs. La voix off de Sadek accompagne le spectateur dans son voyage au coeur d'El Bahia. La musique algérienne a-t-elle évolué? On est introduit chez Padidou édition qui évoque son rôle de soutenir les jeunes talents. Mais depuis le vent de Djwala fel lil de Hamidou, qui y a-t-il de nouveau? le rappeur Tox mais aussi Salima Abada qui évoque l'ouverture des champs médiatiques et d'une certaine liberté d'expression «tolérée», puis le manque de statut de l'artiste et la nécessité d'«appuyer» la jeune génération d'artistes et rejoint au final cette idée d'aimer pour faire ça, sans trop attendre d'aide... Sadek, quant à lui, évoque la philosophie de sa musique et son message. Bref un documentaire qui a le mérite de donner la parole en brossant le tableau d'une certaine frange de milieu musical indergoud, en Algérie de façon simple, rehaussée de quelques effets stylistiques. Changement de sujet. 1.2.3 viva l'Algérie est le nom d'un court métrage documentaire de Yannick Nolin. Ça débute avec ces lignes que l'on peut lire et qui ouvrent le film: «Le 12 octobre à Oran, était présenté dans un café, le premier match aller-retour de qualification pour la Coupe du monde 2014. L'Algérie affronte le Burkina Faso.» Première image, des parties de café, des hommes assis et un bruitage sonore du café qui vient vous introduire d'emblée dans cet univers masculin. On rentre dans le café. Retentit l'hymne algérien. Le match va commencer. La télé est en face. Il y a de tout, des jeunes, des moins jeunes et des barbus. Et des drapeaux bien évidemment partout. Des yeux rivés sur l'écran et cette folie supportrice. Gros plans sur certains visages expressifs. Et puis, cette image filmée de haut d'une scène de liesse quand on marque. Et le sourire aux lèvres. L'appel à la prière retentit. Pause de la première mi-temps. Certains regardent leur portable. D'autres la télé. La caméra est braquée par moments sur le match. Et d'autres moments sur les gens du café... Il n'y a pas de parole. Juste un film qui scrute les comportements bruts des gens et nous restitue leurs réactions lors d'un match de foot. Quoi de plus ordinaire que nous connaissions déjà. Des scènes d'excitations suivies de déceptions, puis d'emballement sont successivement montrées telles que nous les ressentions tous, lors d'un match décisif ou pas de l'Equipe nationale. On se lasse à la fin car le docu ne propose rien de si spécial à voir bien qu'il nous introduise dans ce café volontairement et nous impose ce qu'il voit. Les images oscillent d'ailleurs entre les supporters du stade montrés à l'écran et ceux du café. Et enfin cette fameuse pancarte lors du match: «l'Algérie diffuse le match de façon illégale sur sa chaîne nationale.» Fin du film avec des infos sur la participation algérienne à la Coupe du monde, au Brésil. Une idée pour demain est un autre court métrage signé Guillaume Fournier. Il est dédié aux «teneurs de moeurs», autrement dit, les hittistes! Dans un quartier paisible, Ahmed s'est refermé sur lui-même depuis qu'il a perdu dans un match de foot, faisant perdre son équipe. Son petit frère Anis tente de lui rendre le sourire et le ramener à la vie. Il va rejouer sur le terrain et tenter de marquer cette fois, aidé par une amie campée par Meriem Zobiri. Le film a cette particularité de focaliser surtout sur la pertinence du regard de l'enfant qui observe, écoute et propose des solutions aux grands. Un petit film mais astucieux. Sans trop d'éloquence. Karim + Hadjar de Samuel Matteau porte, lui, sur l'amour et ses péripéties. Le plus célèbre interprète du karaoké sur la place d'Alger est montré en train de chanter la Lama au Café des artistes à Alger. Mais en fait, non, l'histoire n'est pas la sienne mais tout autre! Celle d'un couple, Karim et Hadjar, qui déambule dans Alger, au Jardin d'Essai, font la fête au Café des artistes puis retournent se promener dans Alger. Un film muet, sans dialogue, juste les sons qui nous viennent du dehors. Puis le vent de fin de journée qui se lève. Et ces amoureux qui se regardent, s'effleurent, se touchent les mains, se regardent, sourient, se prennent par la main, bref s'aiment à leur façon. Et puis, cette phrase qu'inscrira la fille sur un mur en arabe classique: «Les oiseaux se cachent pour s'aimer.» Une dispute puis une réconciliation. Un film mi-doux, mi-fougueux comme les amoureux. Le film respire l'amour, mais aussi la mansuétude et le temps suranné. Comme ces prénoms qui sont taillés à même les feuilles de figues de barbarie. Très forte symbolique de l'amour rêche que vivent les jeunes Algériens, non sans heurts et obstacles. Des films à découvrir!