La ministre française de la Défense, Mme Michèle-Alliot — en visite de deux jours en Algérie — a, hier, à Djenane El-Mithak, animé une conférence de presse en présence du ministre de l'Intérieur, M. Noureddine Yazid Zerhouni. D'emblée, l'oratrice a évoqué l'importance de son déplacement et a situé les “attentes majeures” de son gouvernement. Sa rencontre avec le président de la République et ministre de la Défense nationale a été qualifiée de “positive”. Plusieurs axes de travail ont été dégagés entre les deux parties dont la lutte contre le terrorisme, la sécurité dans la rive méditerranéenne, la vente d'armes et la coopération militaire ainsi que d'autres aspects à caractère économique. Premier résultat de la visite : Alger et Paris ont procédé à la signature d'une convention militaire et technique. “Cette convention sera suivie d'un accord intergouvernemental et s'inscrit dans la durée. Des relations entre les deux pays”, a-t-elle indiqué. La ministre de la Défense, qui a révélé les actions communes arrêtées entre les deux parties, a annoncé la tenue d'un Sommet “4+3” (la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal d'une part, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie d'autre part), en octobre prochain. “Nous devons renforcer les liens et fructifier ces occasions. Nous nous rencontrerons en qualité de ministres de la Défense et non en qualité de ministres des Affaires étrangères. C'est la raison même de l'extension de nos relations”. Sur un autre volet, Mme Alliot-Marie a affirmé que la France vendra des armes à l'Algérie “selon les besoins”, et d'ajouter que “ces armes seront utilisées en commun. Mais, il faudra savoir que cela n'est pas une fin en soi. Car, il s'agira de continuer à développer ces échanges dans le respect des règles internationales. Pour le reste, la France n'a jamais fait d'embargo en matière d'armes sur l'Algérie. Nos relations sont soumises aux règlements internationaux”. Annonçant le redéploiement de la diplomatie française en Algérie, l'oratrice fera remarquer que “les deux pays doivent tourner la page et non mettre un trait dessus. Nous avons énormément de points communs, comme les défis à relever en matière de résolution des conflits régionaux. Nous avons un message à faire passer ensemble aux peuples qui vivent des crises incessantes, des épidémies, des crises d'énergie et d'instabilité. C'est pour cela que nos relations sont aujourd'hui exceptionnelles”. Selon Mme Alliot-Marie, ces axes de travail, déjà définis entre Alger et Paris, seront discutés entre les présidents Bouteflika et Chirac le 16 août prochain. À ce propos, une enveloppe de 64 millions d'euros a été débloquée pour dédommager ceux qui “ont donné leur vie pour libérer la France” et renflouer les caisses d'indemnisation qui avaient si longtemps maltraité le dossier. Sur la question des archives de la guerre d'Algérie, elle dira que “la France a des prescriptions assez strictes. À l'exception des familles et des chercheurs universitaires, nous devons protéger le secret des personnes. Nous sommes pour le maximum de transparence”. Sur le plan international, Mme Alliot-Marie indiquera que “la France n'a aucun problème avec les USA concernant les crises d'instabilité, de terrorisme, de banditisme ou de conflits interethniques. Mais, je crains fortement qu'il y ait de nouvelles crises. Tous ceux qui veulent éteindre ces crises et conflits sont les bienvenus. Pour les autres actions, cela se passe dans le cadre de la défense européenne et l'Otan dont les objectifs sont les mêmes”. Enfin, Mme Alliot-Marie dénonce les manipulations des uns et des autres quant à la montée du phénomène du racisme en France. “Il faut faire très attention. Il faudra relativiser les choses car nous possédons des textes de lois très stricts et sévères. D'autant que la France est un pays d'accueil et de tolérance”, avertit-elle. F. B.