Les policiers devant la Présidence 48 heures après le mouvement de protestation des policiers dans plusieurs wilayas du pays, notamment dans la capitale, le Premier ministre a rencontré les grévistes et annoncé plusieurs mesures qui ont mis fin à la protesta. Les dernières 48 heures ont été particulièrement mouvementées. L'événement a été créé par des policiers mécontents qui ont fini par atteindre le siège de la présidence de la République, y passer presque toute une journée avant qu'une délégation ne soit reçue par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. A l'issue de cette rencontre, le Premier ministre avait déclaré à la presse qu'une douzaine de revendications des protestataires ont été prises en charge, annonçant la tenue d'une réunion dimanche prochain regroupant les représentants de plusieurs ministères et de la Dgsn pour trouver des solutions aux problèmes soulevés. A la demande du départ de Hamel, le Premier ministre aurait répondu que ce n'était pas de ses prérogatives. «Nous avons abordé lors de notre rencontre avec les représentants des grévistes, tous les dossiers, notamment ceux relatifs à leurs revendications socioprofessionnelles. Nous avons parlé des salaires mais aussi des conditions de travail qui restent parfois difficiles pour les forces de maintien de l'ordre», a déclaré le Premier ministre lors d'un point de presse annonçant ainsi la fin du mouvement de protestation. «Nous allons prendre en compte toutes ces revendications et dimanche nous allons les étudier lors d'une réunion avec les ministères concernés. Si il y a un manque dans la gestion, il sera comblé» a promis M.Sellal ajoutant que «nous allons prendre toutes les mesures pour que ces forces de sécurité reprennent leur travail dans de bonnes conditions». Le Premier ministre a souligné qu'il a «insisté pour qu'il y ait un dialogue entre le sommet et la base et le Président a donné instruction pour multiplier les efforts afin d'améliorer la situation socioprofessionnelle des forces de l'ordre». Ainsi prend fin le mouvement inédit dans les annales de l'histoire du pays. Environ un millier de policiers ou plus, appartenant aux Unités républicaines de sécurité, ont investi le siège de la présidence de la République. Les éléments de la Police nationale, des milliers, ont passé la nuit devant le siège de la Présidence après s'être regroupés devant le Palais du gouvernement l'avant-veille! Une seule revendication: «Nous voulons discuter avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal!». «On demande Sellal!», fut le premier mot scandé depuis la matinée d'hier devant le siège de la Présidence. Sauf que le Premier ministre n'apparaît toujours pas. Durant toute la journée, devant la présidence de la République s'est présenté un des spectacles les plus imprévus: «Des centaines de policiers en tenue et l'hymne national chanté...» La pluie n'a pas eu raison d'eux car durant toute la journée, imperturbables, ils s'adonnaient à des messages chantés, du genre: «On demande Sellal!», «On ne retourne plus au travail, y en a marre!», «Les unités de martyrs!», etc. Dispersés mais déterminés, les policiers se dévoilent de temps à autre quant à leur drame: «Nous travaillons plus de 270 heures par mois! Est-ce normal?», lâche Samir un jeune policier âgé de 25 ans! Samir ne voulait pas retenir sa colère, malgré les tentatives de ses collègues de l'empêcher de s'adresser à la presse. Il poursuit: «Nous n'avons plus aucun droit. Vous ne pouvez jamais imaginer la situation dans laquelle on évolue: on passe nos nuits à douze personnes dans des chalets de 5 mètres sur 4, des chalets qui sont conçus pour contenir six personnes au maximum», témoigne-t-il. Son ami, Tarek, l'interrompt pour poursuivre: «Nous n'avons plus le droit de postuler pour des postes supérieurs, nous n'avons plus droit aux différentes primes déjà existantes, nous sommes considérés comme des non-humains», entonne-t-il... La capitale vit un des climats les plus inquiétants de son histoire! Les policiers en colère se sont dressés droit dans leur bottes posant une seule condition: «Nous voulons être reçus par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal!». Et Abdelmalek Sellal arrive! Il est 18 heures. Les manifestants se sont arrangés à ce que chaque unité désigne cinq personne qui feront partie de la délégation qui sera reçue par le Premier ministre. Après quelques instants, une quarantaine de représentants furent reçus par Abdelmalek Sellal. Près de trois heures après de discussions, Abdelmallek Sellal sort et improvise un point de presse. Il annonce les mesures du dénouement. A l'issue du cette rencontre, la majorité des policiers protestataires ayant observé la gève a quitté les lieux en début de soirée à l'exception d'un petit groupe, a-t-on constaté. C'est déjà demain un autre jour qui se lève.