Le rapport a coupé court aux spéculations et allégations au sujet d'une éventuelle interdiction de circulation dans les camps de Tindouf. Le rapport détaillé sur la situation dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, établi par l'organisation Human Rights Watch (HRW), a coupé court aux spéculations et allégations, qui fusaient de part et d'autre, faisant état d'atteinte aux droits de l'homme, et plus particulièrement à la liberté de circulation. Le rapport fait ressortir que parler de «séquestré» serait une exagération, car aucune preuve de persécution politique dans les trois dernières années n'a été enregistrée. Une conférence de presse a été organisée hier à Alger, pour la première fois depuis neuf ans. Lors de cette dernière, animée par Eric Goldstein, directeur adjoint chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, ainsi que Brahim Elansari, chercheur associé, le rapport de 94 pages, intitulé «off the radar: human rights in Tindouf Refugee Camps» qui s'appuie sur des entretiens menés lors d'une visite de deux semaines dans les camps, a été présenté. Le premier point a été la confirmation qu'aucune atteinte grave aux droits de circulation n'a été déplorée. «La liberté de circulation est certes, réglementée, mais pas arbitrairement», a déclaré M.Goldstein, en affirmant «dire qu'il s'agit de gens séquestrés, c'est exagéré». Le HRW a souligné que des réfugiés ayant quitté les camps pour s'installer au Sahara occidental avouent avoir «caché leur plan de voyage par crainte d'être empêchés par les autorités sahraouies» mais «à la fin, ils ont fini par quitter sans obstacles dangereux». Concernant la liberté d'expression, M.Goldstein a affirmé que ses chercheurs n'ont, lors de leurs rencontres, décelé aucune preuve que les autorités sahraouies ont tenté de faire taire l'opposition. Selon M.Goldstein «des Sahraouis dans des camps de réfugiés à Tindouf ont témoigné qu'ils pouvaient critiquer les autorités publiquement au cours de ces dernières années». Le HRW a également évoqué le dossier des tribunaux militaires instauré par décret présidentiel sahraoui en 2012, qui leur donne compétence à juger des civils, que M.Goldstein a estimé «les tribunaux militaires ne devraient jamais juger des civils». L'ONG a rencontré des détenus, des avocats ainsi que des juges. Traduire des civils devant des tribunaux militaires est selon HRW «une violation d'une norme fondamentale des droits humains internationaux».Les agressions physiques, n'ont elles aussi pas été prouvées. L'ONG a formulé des recommandations dont la suppression manu militari des tribunaux militaires, garantir la liberté d'expression, ainsi que l'abolition de l'esclavage qui «continue dans des cas vraiment isolés». Mais également l'élargissement de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l'homme dans toutes les parties du Sahara occidental. Pour rappel, cette option, a provoqué une «tempête» au Maroc. Sur un autre volet, M.Goldstein a indiqué que l'Algérie est responsable de la protection des droits de l'homme dans les camps de Tindouf. Selon le rapport «l'Algérie doit reconnaître sa responsabilité dans la garantie des droits de tous les individus se trouvant sur son territoire». La puissante ONG, appelle l'Algérie à permettre «un contrôle sur le terrain de la situation des droits de l'homme dans les camps de Tindouf par un mécanisme adéquat liés aux Nations unies». Par ailleurs, M.Goldstein a reconnu que durant leur enquête sur le terrain ils étaient constamment suivis par des civils marocains, qui gênaient leur progression. M.Goldstein a indiqué également «on a eu des discussions constructives avec le ministère des Affaires étrangères algérien, nous espérons que les chercheurs du HRW et des autres ONG puissent accéder en Algérie plus facilement» et d'ajouter «ceci se testera durant les prochains mois». Au sujet du dossier des disparus de la décennie noire, le représentant de l'ONG a souligné «nous sommes contre l'impunité, mais pour la vérité», considérant qu'une commission d'enquête indépendante serait «une option qui pourrait faire avancer le dossier vers l'avant».