L'Onu a été alertée, une fois de plus, sur la poursuite des violations systématiques des droits de l'Homme au Sahara occidental. Dans le rapport qu'elle vient de publier, Human Rights Watch (HRW) constate que la situation des droits de l'Homme dans les territoires occupés par le Maroc n'a pas changé, malgré une campagne sur cette question menée depuis plusieurs années à l'échelle internationale. La protection des droits humanitaires ne fait pas l'objet d'une surveillance de la part des Nations unies, estime l'organisation civile internationale qui demande que cette mission soit confiée à la Minurso, organisme onusien chargé seulement de la surveillance du cessez-le-feu au Sahara occidental depuis 1991. L'ONG Humain Right Watch (HRW) a présenté, hier, son rapport sur les droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, un rapport largement critiqué par des chercheurs sahraouis, dont un journaliste de la télévision et la radio sahraouie. Ce dernier a considéré, qu'il s'agit d'un « rapport politique », du fait qu'il n'a pas évoqué des questions principales, notamment « le mur de la honte », le problème des mines et la gestion des richesses sahraouies, dont les ressources halieutiques. Les chercheurs n'ont pas rencontré des problèmes sur le terrain, selon leurs déclarations. Le chef adjoint du bureau Maghreb Moyen-Orient de Human Rights Watch du Moyen-Orient et l'Afrique, Eric Goldstein, a affirmé, hier, dans un point de presse animé à Alger, le premier du genre en Algérie depuis l'année 2005, que le rapport a focalisé sur les droits civils et politiques des refugiés sahraouis et n'a pas abordé tous les dossiers. « On va travailler sur ces sujets », a-t-il lancé au journaliste sahraoui Mohamed Lamine qui s'est interrogé sur l'identité des refugiés rencontrés, d'autant que les camps de refugiés sont « ouverts à toutes les ONG, contrairement à ce qui a été rapporté dans le rapport intitulé « Hors des radars : situation des droits de l'Homme dans les camps de réfugiés à Tindouf ». Le chercheur assistant à HRW Brahim El Ansari, lui a répondu que « les camps sont ouverts, mais ne sont pas visités par des ONG spécialisées dans les droits de l'homme, pour pouvoir réellement évaluer la situation ». Aucun détenu politique dans les prisons du Polisario Le chef adjoint du bureau Maghreb Moyen-Orient de HRW a estimé, lors de la présentation de ce rapport de 94 pages, qu'aucun cas ni preuves sur des atteintes et violations des droits de l'homme par les autorités sahraouies n'ont été constatés. Sur la liberté de circulation, HRW souligne que le Polisario ne limite pas arbitrairement les déplacements de résidents des camps vers la Mauritanie et le Sahara Occidental. En ce sens, il a rapporté que les autorités algériennes et le Polisario ont renforcé la sécurité et les points de contrôle le long des routes en raison des préoccupations liées au terrorisme dans la région du Sahel, ainsi que dans la lutte contre la contrebande et le narcotrafic. « Mais ces mesures ne constituent nullement des entraves politiques, ce sont des mesures liées à l'enlèvement de ressortissants étrangers dans cette région », a-t-il précisé. S'agissant de la liberté d'expression, le conférencier a enregistré un point positif : « Des Sahraouis dans des camps de réfugiés à Tindouf ont dit qu'ils étaient capables de critiquer les autorités publiquement dans les médias et dans des rassemblements ». HRW n'a trouvé aucune preuve que le Polisario ait emprisonné qui que ce soit au cours des trois dernières années, pour ses opinions politiques ou son militantisme. Aucun cas de torture n'a été également constaté, a rapporté le rapport. Une mission sous l'œil du Makhzen A une question sur la crédibilité de ce rapport élaboré à l'issue d'une mission « autorisée » par la Maroc, le chef adjoint de HRW a reconnu que son ONG n'a pas été empêchée de se déplacer aux camps des refugiés. « Toutefois, on était suivis par des policiers marocains en civil, c'est une forme de contrôle. On a voulu couvrir une manifestation à El Ayoune, mais on en a été empêchés pour des raisons sécuritaires, alors que la vérité est tout autre », a-t-il affirmé. La mission a duré deux semaines. Les chercheurs ont rencontré des Sahraouis dans les camps de refugiés et se sont entretenus avec d'autres installés au Maroc, en Mauritanie, par téléphone et Skype, selon Brahim El Ansari. Ils ont également rencontré des responsables Sahraouis. Les chercheurs ont-ils élaboré ce rapport en collaboration avec la société civile sahraouie ou l'institution des droits de l'homme sahraouie ? Les chercheurs ont-ils consulté les rapports de la RASD, transmis à la commission africaine des droits de l'homme ? Les deux conférenciers ont affirmé qu'ils avaient rencontré quelques associations, à l'exemple de « Houria wa takadoum » (Liberté et développement) contre l'esclavage, une association des victimes des mines et une association des familles des détenus et des disparus et les membres de la commission préparatoire de l'institution des droits de l'homme. Ils ont également assuré qu'ils viennent de recevoir le rapport de la RASD. Ces rencontres sont jugées « sélectives » par les chercheurs sahraouis présents à la conférence de presse, qui ont estimé que le rapport a négligé les dépassements et les atrocités du régime commis par le Maroc. Le chef adjoint de HRW a répliqué que « la situation des Sahraouis est identique à celle des Palestiniens à Ghaza ». Mahdjouba, affaire familiale ... Le rapport a fait état d'une jeune femme sahraouie qui avait obtenu la nationalité espagnole et qui serait « séquestrée » chez elle, après sa dernière visite à sa famille. Son cas a été largement médiatisé. « La fille n'a pas déposé plainte et on n'a pas pu la joindre, mais le Polisario est informé de cette question », a déclaré le conférencier. Et au journaliste sahraoui de lui répondre : « c'est une affaire familiale. Il s'agit d'une famille qui a refusé que sa fille retourne vivre à l'étranger, rien de plus », a précisé Mohamed Lamine. Par ailleurs, HRW a estimé que le conseil de sécurité de l'ONU devrait élargir le mandat de la Minurso « afin d'y inclure l'observation et la publication de rapports sur la situation des droits humains, tant au Sahara occidental que dans les camps gérés par le Polisario ou bien établir un mécanisme alternatif par lequel l'ONU puisse fournir une surveillance et une communication de l'information régulières, indépendantes à partir du terrain ». Le rapport a conclu à une série de recommandations.