Arguments à l'appui, l'organisation non gouvernementale américaine Human Rights Watch a démontré que la situation des droits de l'homme s'est détériorée au Maroc en 2009, contrairement aux affirmations du makhzen, lequel n'a cessé de crier sur tous les toits qu'il était un exemple à suivre en la matière dans la région. Emboîtant le pas à la militante sahraouie Aminatou Haïdar, qui a déclaré récemment à Madrid que la situation des droits de l'homme au Maroc et au Sahara occidental était loin de l'image que donnent les autorités marocaines, l'ONG Human Rights Watch est arrivée à la même conclusion. C'est du moins ce qu'indique le rapport 2009 de cette organisation, qui révèle que la situation des droits de l'homme “s'est globalement détériorée en 2009 au Maroc, bien que le pays ait conservé une société civile dynamique et une presse indépendante”. À signaler que HRW dénonce le silence de la France qui est “le principal partenaire commercial du Maroc”, car elle “a rarement critiqué publiquement les pratiques du royaume en matière de droits humains”. Ceci étant, le document accuse notamment la justice marocaine, particulièrement mise en cause dans les violations constatées par l'ONG. Il y est affirmé que “le gouvernement, aidé par des tribunaux complaisants, a utilisé une législation répressive pour punir et emprisonner des opposants non violents, en particulier ceux qui (critiquent) le roi ou la monarchie, (...) la 'marocanité' du Sahara occidental, ou (...) l'islam”. Concernant le Sahara occidental, le constat est pire puisque le rapport note que “de nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l'autodétermination du Sahara occidental”. À titre d'exemple, il est rappelé que “la police marocaine a arrêté sept militants sahraouis non violents le 8 octobre à leur retour d'une visite non dissimulée des camps de réfugiés gérés par le HCR près de Tindouf”. Pour Human Rights Watch, “le renvoi de civils devant un tribunal militaire, où les droits de procédure des accusés sont amoindris, a constitué une évolution rare et de mauvais augure”. S'intéressant aux procès des islamistes, notamment ceux arrêtés au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, l'ONG constate qu'ils “ont été condamnés lors de procès inéquitables après avoir été maintenus cette année-là (2003) en détention secrète (...) et soumis (...) parfois à la torture pendant les interrogatoires”. Une bonne partie du rapport est réservée aux atteintes à la liberté d'association, à travers des cas précis et déjà traités par les médias. Il est cité un exemple dans le nord du Maroc où “les autorités ont arrêté le 17 février 2009 Chekib El-Khayari (un militant associatif) (...) après qu'il eût accusé certains fonctionnaires (...) de complicité dans le trafic de stupéfiants”. Il a été condamné par un tribunal de Casablanca le 24 juin dernier à “trois ans de prison et une lourde amende”. Par ailleurs, l'année 2009 a également été marquée au Maroc par plusieurs atteintes à la liberté d'expression, avec des publications interdites et des responsables de journaux condamnés à des peine de prison ferme. En prenant connaissance du contenu du rapport de Human Rights Watch sur les droits de l'homme au Maroc, on s'aperçoit que l'on est bien loin des affirmations des responsables marocains, qui ne ratent aucune occasion de présenter leur pays comme un exemple en la matière.