Des dizaines de cas, entre typhoïde, intoxications, conjonctivite, sont signalés un peu partout dans le pays. Quant à la peste, il faut espérer qu'elle n'est plus qu'un mauvais souvenir. La période des grandes canicules est propice pour l'apparition et la propagation des maladies infectieuses, voire même des épidémies. Pour preuve, il convient de citer à ce propos, la réapparition, ces deux dernières années, de certaines épidémies à l'instar de la peste et de la conjonctivite qui ont été, depuis quelque temps, mises dans les annales du passé. Loin de commencer à établir les constatations, les premiers débats de l'équipe de prévention, relevant du ministère de la Santé, chargée d'apporter des mises en garde de prévention, laissent une impression de prudence. D'ailleurs, tout incite à croire que la tutelle travaille d'arrache-pied pour dire en fait que «jamais ce qui s'est produit l'été dernier, sera encore une fois de l'actualité». Le dossier de la peste, réapparue pendant l'été 2002 et qui a, pour rappel, bouleversé l'Ouest du pays, est aujourd'hui clos. L'affaire n'était qu'un «mythe», mais les choses reprennent, la fièvre est là, puisque l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est, depuis le début de la saison estivale à Oran, en vue d'inspecter sur l'éventuel retour de l'épidémie. Il faut souligner que la «catastrophe» s'est produite dans un contexte particulier, qui ne se justifie pas, mais qui remet le travail des services d'hygiène au centre des controverses. Pour cette année, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, écartait la possible réapparition de l'épidémie en indiquant que la situation hygiénique s'est nettement améliorée. Cas de conjonctivite anodins Ce ne devait être qu'une «infection conjonctivale bénigne provoquée par une allergie», affirme le groupe de prévention relevant du même département au sujet de la question portant sur la réapparition de l'épidémie de conjonctivite. Contactés par nos soins, les ophtalmologues du ministère démentent énergiquement l'existence, cette année, d'une conjonctivite au sens épidémiologique du terme. Autrement dit, les 300 cas enregistrés depuis avril 2004 au niveau national, sont «anodins et sans gravité». En guise de précision, le Dr Oulmane, directeur de communication au sein du ministère, met en évidence que le taux de cas enregistrés est de 1,04% pour 100.000 habitants. Une proportion marquée chaque année «sans pour autant révéler l'existence d'épidémie». Si d'une part, la tutelle, par le biais de ses spécialistes, exclut la vraisemblance des allégations en signalant que rien dans les requêtes ne vient renforcer la thèse de «l'existence d'épidémie», elle s'abstient, d'autre part, soigneusement de rejeter une «éventuelle réapparition» pour les mois à venir. En termes de prévention, un stock de médicaments est mis à la disposition de toutes les structures hospitalières. Celui-ci est de l'ordre de 100.000 tubes de pommade et de 100.000 flacons de Collyre. En outre, le département de Mourad Redjimi, a depuis quelque temps, mis à jour l'instruction n°767/MSPRH/DP relative à la prise en charge des cas de conjonctivite. Conformément aux règles de cette instruction, tous les services sanitaires sont sollicités pour déclarer, nécessairement, la maladie, à partir du mois de juin 2004. Quant à la bactériologie des eaux (maladies à transmission hydrique - MTH) et des aliments, plusieurs cas de typhoïde (maladie infectieuse contagieuse et plus souvent épidémique) sont déjà signalés un peu partout à l'échelle nationale. Ils sont en tout, selon les estimations du ministère, 741 cas depuis l'année dernière. «Le département de la santé enregistre une centaine de cas chaque année, il n'y a pas de quoi s'alarmer», affirme notre interlocuteur du ministère en faisant allusion à la non-gravité de la situation. En termes de coût, le même responsable indique qu'un cas de typhoïde pris en charge coûte 12 millions de centimes. Cela dit, la prise en charge de 100 cas revient à 1 milliard de centime. Quant au choléra, qui est aussi une infection intestinale aiguë, très contagieuse, due à un vibrion cholérique, «aucun cas n'a été annoncé depuis 1996», indique-t-on auprès des services de la tutelle. Toutefois, le Dr Oulmane n'exclut pas l'éventuel retour de l'épidémie si jamais la situation hygiénique se dégrade. D'ailleurs, il paraît que des traces de vibrions cholériques de type «Nag» (non agglutinés) ont été décelées dans certaines plages autorisées à la baignade. A la suite des analyses opérées par les services de la prévention, les résultats de la thèse portant présence de germes cholériques a été confirmée. En ce sens, la direction de la santé, contribue en collaboration avec la direction du tourisme, à l'élaboration d'un programme en vue de surveiller les plages non autorisées à la baignade. Grosso modo, les statistiques rendues publiques par les services de la santé font ressortir que les «MTH, telles que le choléra, la fièvre typhoïde, l'hépatite virale et la dysenterie, ont connu une régression significative par rapport aux années précédentes». En matière de prévention contre les MTH, les spécialistes mettent l'accent sur la nécessité de mettre sur pied un projet de laboratoire d'hygiène de wilaya et redynamiser des bureaux communaux d'hygiène publique. Un projet qui, faut-il le dire, est remis à l'étude du gouvernement. Autres mises en garde de prévention contre les MTH, les pouvoirs publics insistent sur l'importance d'approvisionner les citoyens en eau potable et l'interdiction de l'irrigation des cultures à partir d'eaux usées à leur état brut. 4 décès enregistrés Dans le même sillage, l'attention est focalisée également sur la surveillance et le contrôle des sources d'eau. Un dispositif spécial est à ce propos mis en oeuvre. Celui-ci prévoit la multiplication des analyses bactériologiques et physico-chimiques des ressources hydriques et la rénovation des réseaux AEP. Quatre décès ont été recensés depuis le mois de janvier dans le cadre des toxi-infections alimentaires. Contrairement au taux des MTH, qui, depuis quelques années, «diminue relativement», les intoxications alimentaires commencent «à prendre une courbe ascendante, voire même alarmante». A titre d'illustration, 565 cas seulement au mois de mai ont été signalés à Mascara et 162 à Guelma. Quant aux sources de contamination repérées, il s'agit essentiellement, d'après les précisions du ministère de la Santé, des viandes, des conserves, des produits laitiers et des gâteaux. Les services de contrôle relevant du ministère du Commerce, ont procédé, depuis l'entame de la saison estivale, au renforcement du dispositif de contrôle et de surveillance des chaînes de production, de conservation et de commercialisation des produits alimentaires. Quant au département de Mourad Redjimi, des mesures spéciales ont été requises pour parer à toute forme d'intoxication. En termes de lutte contre les intoxications alimentaires, les services de contrôle travaillent d'arrache-pied afin de mettre un terme au non-respect du processus de fabrication des denrées alimentaires et de veiller à la qualité microbiologique des matières premières. La direction de la santé, de son côté, s'intéresse au contrôle régulier des restaurants et crémeries, des lieux considérés comme étant des sources de contamination, notamment en été. Certains engagements financiers notamment, ont été pris dès le début de la saison de la canicule. Tout en se gardant de livrer le moindre commentaire sur l'enveloppe budgétaire concoctée, quelque peu embarrassé, M.Oulmane a affirmé que le ministère de la Santé, s'est engagé pour la couverture de tous les frais, notamment ceux des médicaments et des prises en charge des patients. Il convient de souligner enfin que le même département a lancé diverses campagnes de sensibilisation et de d'information contre les maladies de l'été. A ce titre, nous tenons à citer entre autres, la campagne de sensibilisation contre les dangers d'exposition au soleil, l'envenimation scorpionique et surtout contre la diarrhée de l'enfant. Justement, sur ce cas précis, l'Algérie bénéficiera, au terme d'un projet de coopération entre la tutelle et l'Unicef, d'une enveloppe budgétaire spéciale pour la prise en charge des enfants souffrants.