Un monologue saisissant La tyrannie n'est qu'une conséquense de la servitude. Qu'un peuple ne fasse aucun effort, s'il le veut. Les peuples ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes s'ils sont tyrannisés, opprimés et asservis: tel est le message que le comédien a voulu faire passer à travers son monodrame intitulé Servitude à la une. Un monodrame de l'association culturelle Kond'art théâtre du Benin. Une tragédie tirée du Discours de la servitude volontaire d'Etienne de la Boêtie, mise en scène par Hermas Gbaguidi et présentée par le comédien Donatien Goglozoun. Un spectacle qui traite de la tyrannie et de la liberté des peuples. Comme quoi, la tyrannie n'est qu'une conséquence de la servitude. C'est dire que la liberté ne se concède pas...elle s'arrache désormais. «Comment se fait-il qu'autant d'hommes, villes, nations acceptent de subir la tyrannie d'un seul homme? Être gouverné revient-il à être tyrannisé?» C'est un texte qui date de près de 500 ans que le comédien béninois a magnifiquement interprété le vendredi en fin de journée à la petite salle de la Maison de la culture. C'est en voulant répondre à la question «Mais qu'est-ce qui fait qu'un homme élu par les autres hommes se croit soudain invulnérable et s'éloigne d'eux en exerçant un pouvoir sans partage?» que le monodrame a été monté. Un texte, d'actualité, en somme, qui a enchanté le public béjaoui. Dans un spectacle de 42 mn, la tyrannie est présentée sous toutes ses facettes, c'est-à-dire comme la négation de toute citoyenneté. Pour le metteur en scène, le constat est unanime et ne soufre d'aucune ambigüité. Plus les tyrans pillent, plus ils exigent; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit; ils se fortifient d'autant et sont toujours mieux disposés à anéantir et à détruire tout; mais si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point; sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits. «Ce texte est singulier et ses analyses d'une étonnante netteté, car là où tout est à un, aucune chose publique ne saurait subsister. La racine de cette appropriation tyrannique est en chacun de nous. Car l'aliénation consentie fait la servitude volontaire» peut-on lire dans le synopsis du spectacle. C'est dire, enfin: «C'est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend.»