Le procès en appel du directeur du Matin a été fixé, avant-hier, par le tribunal d'Alger au 11 août prochain. Une célérité dans la procédure qui dénoterait la volonté de la justice algérienne, de clore cette affaire dans les plus brefs délais. On parle même d'une éventuelle libération du directeur du Matin à l'occasion de la célébration de la journée du moudjahid le 20 août ou de la fête du 1er Novembre. Incarcéré depuis le 14 juin dernier à la prison d'El Harrach où il doit croupir deux années, Mohamed Benchicou, condamné en première instance pour une affaire de détention de bons de caisse, n'est pas au bout de sa peine : son journal - synchroniquement à la fixation de la date de son procès en appel - a été suspendu après avoir été débouté par l'administration fiscale, pour un éventuel échéancier. Auparavant le siège régional du journal à Hussein Dey a été vendu aux enchères publiques quelques jours seulement après l'incarcération du directeur du journal. Une affaire ayant mobilisé la corporation et la société civile, qui exigent la libération immédiate de Mohamed Benchicou. D'autant plus que son état de santé, selon son entourage, se détériore davantage. Des sources médicales parlent même d'un risque de paralysie de son bras droit. Et il va sans dire que les déboires d'un éditeur, entré en conflit acharné avec les plus hautes instances de l'Etat, ne font que commencer. Mohamed Benchicou qui a assumé ses positions jusqu'au bout, ne devait pas se douter un seul instant qu'il allait être arrêté pour un «délit de droit commun», bien que les observateurs imputent cette arrestation à des considérations d'ordre politique. Des instances et ONG internationales ont même été saisies par le collectif du journal Le Matin, dans l'espoir qu'elles interviennent auprès des autorités algériennes. D'ailleurs le dossier Benchicou n'a pas été en reste des discussions entre les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense nationale avec le président Abdelaziz Bouteflika, lors de leurs visites respectives en Algérie. Aux questions des journalistes à ce sujet, Michel Barnier et Michèle Alliot-Marie se contentent de répondre, au cours de conférences de presse distinctes: «l'Algérie doit préserver la liberté d'expression. C'est important pour son image».