Une facture de 497,5 millions de dollars, prise en charge entièrement par le Trésor public. L'importation de médicaments risque d'atteindre à la fin de l'année, 1 milliard de dollars. Le médicament entre le marteau de l'importation et l'enclume de la production nationale. Tandis que les pouvoirs publics par le biais du ministère de la Santé, ne cessent, depuis toujours, de prôner une politique du médicament dont la production nationale serait l'épine dorsale, la réalité du terrain, marquée notamment par l'importation, de plus en plus accrue du médicament, s'inscrit en porte-à-faux avec la politique du gouvernement et contredit, de fait, le discours officiel. Dans son dernier rapport, le Centre national des informations et des statistiques (Cnis), évoque une augmentation «importante» de 37,23% sur l'importation du médicament durant le premier semestre 2004 par rapport à l'année précédente. Un constat «chiffré», de plus, d'une facture «lourde» de 497,5 millions dollars, prise en charge entièrement par le Trésor public alors que celle de 2003 était de 362 millions. Ainsi, sans complaisance, les chiffres du Cnis fragilisent «l'appel» de la tutelle à la réduction de l'importation et battent en brèche, si l'on puisse dire, les dernières déclarations du ministre de la Santé, relatives la «détermination» du gouvernement à diminuer l'ampleur «grandissante» de l'importation des médicaments. Ali Aoun, P-DG de Saidal, n'a eu de cesse, durant ces derniers mois, d'attirer l'attention sur les risques encourus si le département de Mourad Redjimi ne daigne mettre le holà et jouer le rôle qui est sien selon la loi, de régulateur. Le patron de la première entreprise pharmaceutique publique, avait, rappelle-t-on, expliqué, les proportions «alarmantes» de l'importation du médicament par l'intervention quasi-systématique de «cercles occultes» auxquels, justement, M.Aoun reproche de faire main basse sur le marché du médicament très souvent au détriment des entreprises nationales dont Saidal. A quoi s'ajoute, selon ce dernier, la «passivité» des pouvoirs publics face à cet état de fait, alors que le gouvernement n'a cessé de rappeler, à qui veut l'entendre, que des mesures ont été prises pour favoriser la production nationale. Cela dit, personne parmi les intéressés n'a suggéré de mettre un terme au recours à l'importation du médicament, sauf que cela devra se faire, aux yeux de ces derniers, selon la demande du marché. Aussi, nombre d'importateurs mettent sur le marché des marques de génériques, notamment produits localement.