La production nationale ne couvre que 34% du marché. De cette production, seuls environ 50% des produits sont essentiels. La facture du médicament poursuit une courbe ascendante. D'année en année, l'Algérie dépense des sommes faramineuses dans le but d'introduire sur le marché national des produits pharmaceutiques indispensables pour la santé du citoyen. Le dernier exercice ne fait que confirmer cette tendance. À un mois de la fin de l'année 2008, notre pays a importé déjà pour une valeur estimée à 1,6 milliard de dollars. Les importations en 2007 ont atteint 1,4 milliard de dollars, en hausse par rapport à 2006 où elles ont avoisiné les 1,2 milliard de dollars. Aux yeux de tous les observateurs, l'Etat ne peut échapper à une telle situation. Les responsables du secteur ont raté le virage lorsqu'ils ont abandonné la disposition obligeant les importateurs d'investir après deux ans d'importation. Depuis 1995, une anarchie totale a caractérisé le marché. Le secteur avait besoin dès lors d'un traitement de choc. Ce qui a poussé le gouvernement d'ailleurs à prendre une décision courageuse d'interdire l'importation de tout produit fabriqué localement. La décision d'Ahmed Ouyahia se veut un message clair de la volonté ferme des pouvoirs publics de créer une véritable industrie pharmaceutique en Algérie. Elle intervient, toutefois, avec un retard d'une décennie. Car, l'industrie a stagné pendant 13 longues années. Il faut reconnaître l'échec des opérateurs qui ont opté pour la production dans leur perspective. Cette contre-performance, les industriels la justifient par des contraintes et plusieurs facteurs de blocage. Depuis l'année 2000, une désorganisation a entouré la production nationale, la commercialisation, l'importation… du médicament. Un choix s'est présenté devant les acteurs à cette époque : opter pour le gain facile par le biais de l'importation de produits pharmaceutiques et leur vente en l'état ou s'orienter vers la production qui nécessitait patience, professionnalisme et éthique. La plupart des opérateurs ont investi le créneau juteux de l'importation au détriment de la jeune industrie qui était encore à ses premiers balbutiements. À peine si les quelques producteurs commençaient à se lancer dans la fabrication, un coup de grâce venait de la liste des produits non remboursables. Cette industrie naissante a été freinée dans son élan, pourtant prometteur, par le non remboursement de ses propres produits par les caisses de la sécurité sociale. 85% des produits essentiels en Algérie sont importés Une décision qui s'inscrivait en faux de l'encouragement de la production locale. Cette erreur a provoqué une démobilisation totale au sein des producteurs locaux. Une chose est sûre, les pouvoirs publics ne peuvent pas compter à 100% sur la production locale. De nos jours, le ministère avoue ne pas pouvoir compter entièrement sur la production nationale. Or, ce qui devait être garanti en premier lieu à 100%, c'est la disponibilité du médicament et la prise en charge du malade. L'Etat ne pouvait pas tabler ainsi sur des industriels qui n'ont pas été à 100% de leurs moyens. En effet, la production nationale ne couvre que 34% du marché. De cette production, seuls environ 50% de produits sont essentiels, c'est-à-dire indispensables pour la santé publique. Autrement dit, 85% des produits essentiels en Algérie sont importés. Actuellement, la production locale est “défaillante” pour prendre en charge toutes les pathologies recensées en Algérie. C'est ainsi qu'une liste, composée globalement de 180 dénominations communes internationales (DCI), soit l'équivalent de près de 400 produits répartis selon leur dosage et posologie, a été arrêtée pour une interdiction à l'importation. Ce qui représente environ 60% de la production nationale. Plus de la moitié sont des produits essentiels. Cette liste sera suivie d'une autre qui permettra de consolider la première. Et la ceconde se veut, en fait, une copie corrigée et complétée de la première et englobera une trentaine ou une quarantaine de produits fabriqués en Algérie, mais partiellement. En termes plus clairs, ce sont des produits qui ne satisfont pas le marché national. En revanche, l'Etat sera amené, fatalement, à compléter la différence par l'importation. Il est également prévu un autre type d'importation qui cible les produits qui ne figurent ni sur la première liste ni sur la seconde. Il s'agit de produits qui ne sont pas fabriqués localement. Pour cette catégorie, les responsables concernés veilleront à ce que ça ne soient que des produits essentiels et qui ne risquent pas de concurrencer l'outil national. Il faut noter que cette liste n'est pas définitive, mais plutôt ouverte à l'élargissement. À chaque fois qu'un produit est fabriqué localement par un ou plusieurs laboratoires et satisfait le marché, il sera interdit à l'importation. S'il est recensé, néanmoins, un seul fabricant pour un produit, ce dernier ne sera pas automatiquement interdit à l'importation afin de constituer un stock de sécurité suffisant au moins pour trois ans. B. K.