Les autorités de Djelfa chargent au maximum le mis en cause afin de le noyer dans un labyrinthe de procédures. Le procès en appel de Hafnaoui Ghoul, le militant des droits de l'homme et journaliste incarcéré depuis plusieurs semaines, a été reporté au 1er août prochain. Le procès concernait deux affaires. La première est liée à la vidéo filmée pendant la campagne électorale d'avril 2004 et montrant Hafnaoui Ghoul aux côtés des candidats Saïd Sadi et Louisa Hanoune, qu'il avait successivement appuyés, et dans les meetings desquels il lacérait les autorités locales à belles dents. La seconde est relative à une plainte déposée auprès du tribunal par deux agents de sécurité de la wilaya qui affirmait que le mis en cause, en compagnie d'un autre correspondant de presse ont passé outre les injonctions des chargés de la sécurité et a «forcé» le passage pour aller voir le chef de cabinet. Certains des avocats voulaient reporter le procès pour mieux cerner l'affaire, alors que d'autres voulaient le maintenir, croyant détenir les cartes qui pourraient faire libérer le militant Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, l'homme par qui tous les scandales de la ville de Djelfa arrivèrent et le journaliste qui débusqua les magouilles des responsables de la ville. Les citoyens qui ont suivi l'invraisemblable histoire de Ghoul avec la justice ne peuvent qu'être abasourdis par la machinerie mise à contribution pour coincer le journaliste inopportun et sourire à la plainte déposée par deux agents de sécurité, quand on sait qui fait quoi à Djelfa et qui dirige tout ou n'assume rien. En fait, comme l'a si bien exprimé le ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni, à propos de la somme faramineuse déboursée pour la construction d'un - nouveau - méga-siège de la wilaya et que tous les journalistes trouvaient excessive pour une ville aussi indigente: «Si le nouveau siège coûte cher et permet de restaurer l'autorité de l'Etat, je dis que c'est une bonne chose.» Pour appliquer à la lettre cette curieuse constatation, les autorités de la ville, à leur tête le wali, ont tout mis en oeuvre pour « casser » ce journaliste qui a poussé à ses extrêmes la dénonciation des tares et des dysfonctionnements de la ville. L'autorité de l'Etat commence par la répression et la prison pour les responsables locaux, qui, en l'espace d'une année, ont porté plainte sur plainte contre la quasi-totalité des correspondants de presse, poussant, eux aussi, à ses extrêmes limites l'acharnement d'une autorité locale, qui met à contribution tous les moyens des institutions de l'Etat, pour faire taire des voix qui ne font plus du panégyrique leur pain quotidien. Dommage, car Hafnaoui Ghoul n'était en fait qu'un correspondant local, un peu farfelu, un peu fort en gueule. Aujourd'hui, on en a fait une vedette locale. Une sorte de champion de la protestation et un gourou de la jeunesse locale déshéritée.