L'état de santé du militant est jugé «inquiétant» par sa famille. Le journaliste et militant des droits de l'Homme à Djelfa, Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, entame depuis aujourd'hui une grève de la faim illimitée, précise sa famille, pour «protester contre les procès qui se poursuivent contre lui, aussi iniques les uns que les autres». Selon ses frères, Ghoul observera à partir d'aujourd'hui, une grève de la faim illimitée, bien que son état de santé, qui se dégrade semaine après semaine, soit jugé «inquiétant». Cette action de Hafnaoui Ghoul intervient au lendemain de son procès en appel, et à l'issue duquel il écope encore de trois mois de prison ferme. L'article incriminé décrivait la situation déplorable de la commune de Mliliha et décrivait son président comme un «homme incapable physiquement de gérer l'APC», ce qui constituait pour ce dernier une «diffamation» et un «outrage». Donc de semaine en semaine, l'«affaire Ghoul» se corse. Deux mois et deux mois plus trois mois d'emprisonnement, en attendant six ou sept procès en diffamation auxquels il doit répondre. La machine répressive a été lancée et rien ne semble pouvoir l'arrêter, et les autorités civiles de la ville sont décidées à noyer le journaliste «irrévérencieux» et «inopportun» dans un labyrinthe de procédures et un maximum d'affaires «montées sur injonction du wali», insistent les correspondants locaux qui ont été tous, sans exception, soumis à ce genre d'intimidations sans que cela aboutisse à des procès. En fait, les problèmes ont commencé pour Ghoul le jour où il a «commis» un article dans lequel il faisait exploser son information qui a mis toute la ville de Djelfa sous les feux de l'actualité: 13 bébés morts dans des conditions suspectes. L'enquête diligentée par le ministère de la Santé avait abouti à l'éviction du directeur de l'hôpital de Djelfa et à mettre à l'index de graves dysfonctionnements dans le secteur de la santé publique. Ce qui renseignait au moins que le journaliste Ghoul avait mis le doigt sur la plaie. Le journaliste détenu n'arrive toujours pas à «avaler» les chefs d'inculpation retenus contre lui. Pour lui, en évoquant le récit du malheureux scénario qui l'a conduit aux portes de la geôle, sa peine a été décrétée «en toute hâte». Celle-ci, selon ses dires, «était entachée de considérations typiquement politiques». A contrario, le parquet exclut la vraisemblance des propos avancés. D'ailleurs, la condamnation de M.Ghoul, a-t-on affirmé, repose sur «une affaire de calomnie et insultes à l'encontre des responsables de la wilaya de Djelfa». Devant les accusations brandies par la partie civile, les avocats de M.Ghoul sont apparemment en perte de vitesse. Le juge d'instruction a en effet prononcé une amende de 10.000 DA à l'encontre de Hafnaoui Ghoul. Pour tenter d'obtenir malgré tout un éventuel allégement de la peine, les avocats se prononcent, d'un côté, sur la «précipitation dans laquelle son affaire a été conclue», et d'un autre, de la suite réservée aux «maintes plaintes introduites antérieurement par M.Ghoul auprès des différentes instances» de la wilaya de Djelfa. Face à la multiplication des plaintes déposées contre M.Ghoul, les avocats se retrouvent en manque de nouveaux arguments à présenter. Une chose est à craindre, cependant, la ville de Djelfa risque «d'exploser» en réponse à la valse des décisions prises par le parquet. Sachant que cette dernière a été, à maintes reprises, le théâtre d'échauffourées opposant les agents de l'ordre à la population locale.