D'après les dernières estimations, 6,5 millions d'hectares ont été infestés dans le Maghreb et le Sahel. Alger sera aujourd'hui la capitale de la lutte antiacridienne. Neuf pays du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest se retrouveront pour élaborer un plan régional de lutte contre les criquets pèlerins. Ce fléau, qui a déjà affecté plus de six millions d'hectares dans le Maghreb et le Sahel, représente un danger potentiel pour ces pays au point où il est même question de faire appel à l'aide internationale. Une occasion pour les experts de faire le bilan des actions entreprises au niveau local et d'arrêter les voies et moyens à mettre en oeuvre pour éradiquer, ou du moins freiner la progression du criquet pèlerin. Ce qui leur permettra par la suite de définir un plan opérationnel régional de lutte préventive contre ce fléau. L'appel du président sénégalais Abdoulaye Wade à une aide internationale d'urgence et surtout à associer l'armée dans la «guerre» aux criquets pèlerins dénote de la menace accrue sur les pays subsahariens, frappés déjà de plein fouet par la sécheresse. La présence à la rencontre de représentants de la FAO, du Pnud, de l'OMS, d'institutions financières telles que la Banque africaine du développement (BAD), de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis, du Canada et du Japon, illustre l'intérêt que portent ces pays et institutions à un problème qui aura sans aucun doute des répercussions directes sur l'économie mondiale. L'Algérie, qui a mis au point une commission nationale de lutte contre le criquet, proposera au cours de la réunion d'aujourd'hui, une stratégie commune de lutte préventive contre le criquets pèlerins. Un plan qui consiste à mettre en place entre la fin de l'été 2004 et le printemps 2005, un dispositif pour contenir la progression des criquets. D'autant plus que le phénomène risque de prendre des proportions incontrôlables. «La menace est réelle surtout que les conditions écologiques sont favorables à la multiplication des criquets dans les pays du Sahel à la fin de l'été en pleine saison des pluies», affirment les spécialistes. A noter que d'après les dernières estimations, 6,5 millions d'hectares ont été infestés dans le Maghreb et le Sahel, à la fin du mois en cours. D'après la FAO, les criquets pèlerins s'étaient déplacés en masse de leur aire de reproduction naturelle printanière, dans le nord-ouest de l'Afrique, vers plusieurs pays du Sahel, en particulier la Mauritanie, le Sénégal, et le Mali, et dans une moindre mesure vers le Niger et Le Tchad. La Mauritanie a pour sa part lancé le 18 juillet un appel pressant à ses partenaires internationaux afin qu'ils l'aident à faire face à un «début d'invasion généralisée» de son territoire par les criquets. En Algérie, comme au Maroc l'opération de traitement des zones touchées par le fléau, se poursuit, avec toutefois des difficultés majeures, en raison des moyens obsolètes mis en oeuvre. Dans la wilaya de Ouargla qui s'attelle à renforcer son dispositif de lutte antiacridienne, en prévision du vol de retour des criquets pèlerins, tous les moyens du bord sont mobilisés pour arrêter l'avancée des «visiteurs» En plus des quelque 766 pulsateurs et pulvérisateurs à dos, 9 équipements tractés, 40 citernes de 3000 litres aménagées pour la pulvérisation de pesticides. En prévision des mouvements acridiens de retour, généralement à partir des pays du Sahel, les services de lutte antiacridienne ont partagé la wilaya de Ouargla en trois zones distinctes d'intervention. Il s'agit de la zone de Oued-Righ, pour contenir l'infiltration à partir de la partie est de la wilaya, la zone dite «cuvette de Ouargla» pour protéger ses flancs nord et ouest, et la zone de Gassi-Touil et Hassi-Messaoud. Rappelons que le phénomène ne s'est pas limité aux régions du sud du pays, puisque plusieurs wilayas du Nord, notamment, Bouira, Batna, Constantine ont eu affaire au criquet pèlerin.