Ecartées pour le moment du staff de la lutte antiacridienne, les troupes de l'armée nationale pourraient rejoindre, dans les prochains jours, le combat contre les criquets pèlerins. C'est du moins ce que suggère le président sénégalais, Abdoulaye Wade, aux pays touchés par cette catastrophe pour venir à bout de cette véritable menace. M. Wade a annoncé, hier, lors d'un entretien avec le président français, Jacques Chirac, son intention de faire « la guerre » aux criquets pèlerins, qui menacent le Sahel, en mobilisant les militaires des pays concernés. « Mon idée est que cela doit être traité comme une guerre, c'est-à-dire confié aux militaires », a affirmé M. Wade en précisant qu'il avait demandé au président Abdelaziz Bouteflika « de convoquer les chefs d'état-major de tous les pays ». Une telle idée pourrait d'ailleurs constituer l'une des propositions qui sera soumise aux débats lors de la réunion d'Alger, prévue pour mardi prochain et réunissant neuf pays d'Afrique de l'Ouest et du Maghreb (Algérie, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Tunisie). Rencontre à laquelle le président sénégalais a appelé la France et les Etats-Unis à assister pour participer à la lutte. Pour sa part, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, considère que la lutte contre le fléau que représentent les criquets pèlerins « requiert des actions maghrébines unifiées ». Une coordination permanente entre les Etats membres de l'UMA, conjuguée avec les pays africains voisins, est à même de venir à bout de cette menace qui plane sur nos économies et sur notre environnement, a affirmé le ministre. Il est vrai que les criquets pèlerins qui abondent dans les pays du Maghreb commencent à gagner le Sahel, où ils constituent une grande menace pour les récoltes, dans ces pays en pleine période de semailles et au milieu d'une saison de pluies propice à leur multiplication. Les propos d'Abdoulaye Wade ne contredisent pas cet état de fait : « La tragédie est là, les criquets sont déjà au Sénégal en train d'attaquer les quelques pousses que nous avons », a-t-il alors dit. Confronté à l'ampleur de l'invasion du criquet venu du Maroc, notre pays a mis en place depuis février dernier un dispositif de lutte antiacridienne qui a permis de traiter plus de 2,5 millions d'hectares. Aujourd'hui, la menace demeure encore et appelle ainsi à un renforcement de ce dispositif vu l'éventualité d'être infesté une nouvelle fois, et cette fois-ci de l'extrême sud du pays. La multiplication de moyens de traitement s'impose également. Cela sans compter qu'il faut prêter aide aux pays frontaliers, tels le Mali et la Mauritanie qui semblent handicapés dans leur lutte par le manque de moyens. De plus, afin d'avoir une meilleure efficacité dans les traitements, il a été demandé aux collectivités locales de s'impliquer de manière plus poussée. Il convient de signaler que c'est de l'Extrême-Sud que vient la plus grande menace pour notre pays.