Cette opération de regroupement, qui s'est déroulée dans de bonnes conditions, est intervenue à temps si l'on juge les conditions climatiques qui se gâtent. Finalement, les Béjaouis ne sont pas que «d'inconscients coupeurs de routes». A ceux qui en douteraient, ces derniers viennent d'asséner une belle leçon d'humanisme et de citoyenneté. Les nombreux réfugiés subsahariens qui ont élu domicile dans la ville de Béjaïa sont définitivement à l'abri de tous les dangers. Depuis mercredi dernier, ils sont pris en charge par les autorités qui ont procédé à leur regroupement au niveau du camp de toile communal, dans la station balnéaire Saket, à l'ouest du chef-lieu de wilaya. mieux vaut tard que jamais. La pression exercée récemment par la société civile quant à leur situation, n'a pas tardé à faire réagir les autorités locales allant dans le sens de la revendication de celle-ci. Il y a 15 jours, un rassemblement a été organisé devant le siège de la wilaya, afin «de dénoncer l'abandon des pouvoirs publics des réfugiés de guerre subsahariens et syriens, auxquels l'Algérie a offert l'asile» et d'exiger «leur prise en charge adéquate». La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), le comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya de Béjaïa (Cstb), le collectif d'étudiants et d'enseignants universitaire de Béjaïa (Ceeub), auxquels s'associent le Mouvement démocratique et social (MDS) ont appelé dans une déclaration rendue publique «les pouvoirs publics, seuls habilités, à prendre des mesures hardies, à organiser une politique de gestion des réfugiés de guerre, de recenser tous les réfugiés, de leur définir un statut, de leur prodiguer les droits universels et fondamentaux (école, santé...)». Les manifestants avaient exigé alors des mesures urgentes pour la prise en charge de ces exilés. La réaction ne s'est pas fait attendre. Il reste à savoir les intentions des pouvoirs publics sur d'autres questions liées au statut de ces populations. Désormais, les réfugiés subsahariens ne seront plus visibles dans les rues où ils dormaient et quémandaient avec tout ce que cela pouvait engendrer comme risque sur leur santé et leur sécurité. Cette communauté vit dans un camp de toile et bénéficie de nourriture, de soins et de sécurité. Mais il aura fallu pour cela, une manifestation de rue et un accident qui a eu lieu récemment coûtant la vie à une maman et son bébé. Les 217 réfugiés subsahariens, recensés officiellement ont été transférés dans un camp de toile communal. En attendant le sort définitif qui leur sera réservé, les familles maliennes, nigériennes et syriennes, exilées à Béjaïa, sont désormais prises en charge par la wilaya. Un communiqué de la cellule de communication de la wilaya a indiqué qu'«un médecin permanent a été affecté au site». La Protection civile, la gendarmerie et la police ont pris place sur les lieux pour assurer la sécurité des réfugiés. Quant au volet nutrition, une équipe du Croissant-Rouge algérien en a pris la charge. L'opération de regroupement se poursuivait encore hier à travers tout le territoire de la wilaya. Désormais, il n'est plus question de laisser traîner ces populations dans les quatre coins de la ville et des autres régions de la wilaya. Fuyant la guerre et la famine qui sévissent dans leurs pays respectifs, les migrants subsahariens, en provenance du Mali et du Niger, se sont ajoutés aux Syriens qui ont été les premiers à s'établir à Béjaïa. Si les Syriens, moins nombreux, ont fini pour certains d'entre eux à investir dans des commerces et louer des appartements, ce n'est pas le cas des Subsahariens qui se sont contentés de camps de fortune à proximité des chantiers et au bord des routes. Ils se livraient quotidiennement à la mendicité au niveau des principaux carrefours de la ville de Béjaïa, profitant du ralentissement de la circulation automobile pour harceler les usagers. Un ultime recours induit par l'absence d'une prise en charge concrète des pouvoirs publics. Cela ne pouvait pas durer éternellement. Et c'est là que trouve sa raison d'être la réaction de la société civile, que l'on a souvent montrée du doigt accusateur quant au fléau des fermetures des routes. La voilà qui fait preuve de considération autrement plus humanitaire. Alors que les réfugiés subsahariens sont partout dans le pays, seule la société civile de Béjaïa a jugé utile de s'intéresser à leurs cas. Un intérêt qu'on aurait voulu plus large pour une solution définitive. A ce titre, on croit savoir qu'une autre opération d'envergure nationale sera prise prochainement. Il s'agit de reconduire ces populations migrantes vers le sud du pays. On parle de la région de Tamanrasset.