Marie-Julie Nguetse et Joseph Fumtim, auteurs et cinéastes camerounais ont fait état de la situation culturelle mitigée dans leur pays. Le deuxième volet de la journée thématique ayant trait à «la littérature et cinéma» s'est rapporté, dans la journée du jeudi, à trois tables rondes dont une faisait référence au «roman africain au cinéma». Les invités étaient Joseph Fumtim et Marie-Julie Nguetse du Cameroun, tout deux font partie de l'espace Esprit Panaf au Sila. De par son expérience en tant qu'enseignante durant 25 ans Marie-Julie Ngueste dira que l'image joue un rôle de stimulus chez le public qui le rend plus curieux. Pour Fumtim Joseph, si un auteur décide de porter un livre à l'écran, son roman, c'est «parce qu'il a une idée au cinéma qui résonne avec le livre. Cela doit être plus qu'artistique mais politique. Si un auteur veut adapter son livre il se doit d'être muni de capacités pour tourner le film. L'auteur doit être en quête de sens...» Pour Marie-Julie, l'image doit venir au secours des mots, le film doit respecter de ce fait le même esprit que le livre et ne pas le dénaturer». Notre auteure explique qu'en tant que cinéaste elle se devait souvent d'être sur le plateau pour tout gérer ne serait-ce suivre les acteurs pour être au plus près des personnages. Ayant passé ces dernières années derrière la caméra en adaptant à l'écran ses romans en plusieurs épisodes pour la télé, Marie-Julie Nguetse explique que ce passage vers la télé est nécessaire et permettra à la fin de chaque saison de faire sortir un roman, histoire d'habituer les spectateurs et les pousser à lire et à chercher la suite de l'histoire. «Il s'agit pour nous d'inciter les Camerounais à lire. Le champ est ouvert à tous les romanciers africains s'ils veulent être adaptés...» Evoquant la situation du cinéma au Cameroun, M. Fumtim dira qu'avant, le cinéma camerounais était bien réputé et gagnait souvent des prix au Fespaco. Aujourd'hui, avec la soi-disant crise économique, il y a rarement des subventions. «Il y a un net déclin du cinéma camerounais aujourd'hui.» Pour Julie, il est difficile pour un investisseur de miser sur quelque chose qui risque de ne pas aboutir. Il faut de l'assurance et de la confiance. Heureusement, j'ai réussi à bien m'entourer (...) Si je suis bien édité à l'étranger, je suis aussi pour un ancrage éditorial local et pour la coédition. Pour M. Fumtim jusqu'à présent les auteurs de l'Afrique subsaharienne se faisaient connaître d'abord sur la place française. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée. On peut se faire éditer en Algérie et au Maroc. Souvent la nationalité du livre est française alors que 90% des auteurs sont africains. Au Cameroun, durant ces 15 dernières années au moins dix maisons d'édition ont été créées dont huit de qualité. On peut aussi se faire éditer chez Apic en Algérie qui possède un catalogue d'auteurs africains très riche, dont certains ont glané déjà plusieurs prix.» Dans un autre débat réunissant, notamment Mohamed Magani côté littérature et Kamel Dehane et Abdelkrim Bahloul côté cinéma, d'aucuns se sont entendu sur la non-nécessité de l'adaptation fidèle du roman à l'écran. Pour Mohamed Magani, les cinéastes ne lisent pas les romans algériens. Pour Ahmed Béjaoui, le cinéaste doit être au fait de toutes les autres formes d'art car le cinéma est constitué justement de tous ces composants qui font sa particularité. Evoquant son parcours avec quelques petites anecdotes fort sympathiques et intéressantes Kamel Dehane qui a déjà adapté Les Vigiles de Tahar Djaout sous le nom de Les suspects évoquera son attachement à son «père spirituel», Kateb Yacine et Assia Djebar auxquels il a consacré respectivement un documentaire chacun. Abdelkrim Bahloul qui confiera avoir fait du cinéma grâce à ses études littératures dira son désir de voir un jour adapter à l'écran Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun.