«Jamais la France n'a signé un accord économique aussi important», dixit le ministre français de l'Economie. La visite éclair du ministre français de l'Economie s'est soldée hier par la signature d'un aide mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement portant sur un montant de deux milliards d'euros. 288 millions d'euros de conversion de dettes en investissements, 780 millions de crédits concessionnels, 1 milliard d'euros de crédits commerciaux garantis par la Coface destinés à couvrir de futurs contrats notamment dans les secteurs des transports, des télécommunications, de l'électricité, des hydrocarbures, des biens d'équipements industriels, des services urbains et de l'habitat. Le secteur de l'eau est aussi au menu de cette visite puisque «la France a confirmé sa participation au financement du projet de transfert d'eau de Takbest sous forme de crédits concessionnels pour un montant maximum de 80 millions d'euros». Il est également question de l'exploitation des réseaux de distribution d'eau d'Alger, d'Oran et de Constantine afin, lit-on dans le document, «de les moderniser et d'en assurer une meilleure gestion.» Plus loin on argue que «l'importance des moyens à mettre en place exigera la combinaison de plusieurs sources de financement». La partie française s'engage à apporter à ces projets un crédit concessionnel de l'ordre de 100 millions d'euros. Le ministre français a passé en revue les autres secteurs névralgiques, sans omettre celui de l'habitat et de l'urbanisme. Ce secteur bénéficie de l'apport de l'Agence fançaise de dveloppement (AFG) qui s'élève à 75 millions d'euros destinés à la réhabilitation des zones d'habitat précaire et la reconstruction d'édifices détruits par le dernier séisme. On apprend également que les compétences françaises vont contribuer au développement du logement. L'enveloppe financière ainsi dégagée pour ce partenariat hors pair, dénote l'offensive menée par les autorités françaises en vue d'introduire le milieu des affaires algérien par la grande porte. Un travail de longue haleine qui a nécessité une prospection poussée de la part des autorités françaises. Le président Chirac et son grand argentier étaient venus en éclaireurs, jauger la possibilité de la France à conquérir (reconquérir) un espace économique national propice aux opportunités multiples qui aiguisent bien des appétits. Les deux partenaires qui ont de la sorte sceller un pacte économique qu'il sera difficile à rompre, s'engagent à mener à bien la construction d'une coopération à long terme. Cette initiative, selon les deux associés «rpose sur la conviction partagée qu'il est de l'intérêt de l'Algérie et de France de tirer profit du haut degré de complémentarité des deux économies et de la société algérienne, dynamiser l'essor de leurs échanges et multiplier les intérêts croisés entre leurs opérateurs, notamment en développant le partenariat.» Cet aide mémoire, selon les signataires consacre «l'accroissement des investissements en Algérie». Il privilégie la sphère économique privée pour «favoriser la croissance et l'emploi». Le ministre français a déclaré, à l'issue de la visite, «La partie française soutiendra auprès du club de Paris la demande de porter à 30% le plafond de conversion de dettes en investissements actuellement limité à 10% de la dette éligible.» Parallèlement aux actions menées pour promouvoir l'investissement en Algérie 55 millions d'euros, sous forme de prêts bonifiés, ont été octroyés par l'AFD pour faciliter l'investissement des petites et moyennes entreprises (PME/ PMI). La réforme bancaire semble être un préalable pour les autorités françaises ou du moins ce qui ressort en substance du chapitre réservé à la coopération économique et financière. «La croissance et le développement exigeant un secteur bancaire performant», les deux ministres ont décidé la création par les organisations professionnelles bancaires des deux pays, d'un groupe de travail chargé de leur proposer, d'ici à décembre, les moyens à mettre en oeuvre afin de favoriser la diffusion de l'expérience française, de promouvoir un partenariat multiforme des deux pays et d'accroître les formations aux métiers de la banque. A cet effet, on annonce qu'un programme de formation de haut niveau en économie et en finances, issus des grandes écoles sera lancé dès 2005. Sarkosy qui a poursuivi son périple en Corse a lâché cette phrase édifiante: «Les présidents Bouteflika et Chirac ont ouvert une nouvelle étape dans l'amitié algéro-française et il appartient à nous, ministres, de la concrétiser». Avec un ministre technocrate comme Benachenhou qui a ouvert un front contre les caisses noires et son homologue qui a réussi le tour de main de repêcher le Groupe Alstom d'un naufrage inéluctable, il faut dire qu'un duel de gladiateurs, - ne l'est-il pas ? -est bel et bien engagé même si d'apparence le ton paraît lénifiant.