Après Décembre, Lakhdar Hamina signe un nouveau film sur la psychologie des militaires français A 80 ans et plus de 28 ans après avoir présenté son film La Dernière image à Cannes Mohamed Lakhdar, revient sur la scène cinématographique avec un film testament. Sans son film le plus abouti de sa carrière. Il y a longtemps qu'on n'a pas vu de cinéma algérien de cette envergure. 28 ans après La Dernière image, Mohamed Lakhdar Hamina le seul cinéaste arabe et africain possédant une Palme d'or, revient à la caméra, avec son dernier film Crépuscule des ombres. Du grand cinéma, du spectacle, une fresque cinématographique à la hauteur du parcours du cinéaste algérien le plus prolifique. Crépuscule des ombres, un film qui a mis 7 ans pour voir le jour (le temps de la guerre de libération) et qui demeure le travail cinématographique, le plus accompli jamais réalisé par un cinéaste algérien local. Inscrit en marge des films réalisés dans le cadre du 50e anniversaire de l'indépendance, le film de Lakhdar Hamina s'illustre par son travail artistique, cinématographique mais aussi politique. Car au delà du travail artistique de cinéaste, le réalisateur de Décembre et de Chroniques des années de braise, l'enfant terrible du cinéma algérien, s'illustre par son engagement politique à dénoncer la colonisation française et les affres de la guerre. Crépuscule des ombres est un film de guerre sur fond de combat d'idées. Le film nous renvoie à 1958, où le commandant Saintenac qui est retranché dans sa citadelle au coeur du Grand Erg, mène sa guerre féroce. Pour lui, l'Algérie c'est la France. Objecteur de conscience, protégé depuis Paris, le soldat Lambert arrive. Il est perçu par Saintenac comme un ver dans le fruit. Seule issue pour le commandant: «briser ce blanc bec». Il torture moralement Lambert en torturant physiquement Khaled, ce fils du désert révolté par l'injustice coloniale qui se bat pour sa dignité d'homme libre. Dans une «corvée de bois», Lambert refuse d'exécuter Khaled et désarme le commandant. C'est la fuite vers le désert. Un road-movie infernal. Au delà de cette sombre page de l'Histoire, entre convictions et doutes, dans le chaos de la guerre d'Algérie, des hommes font face à leur destin. C'est connu, Mohamed Lakhdar Hamina est l'un des seuls cinéastes qui a su percer les secrets de la lumière dans le désert. Avec une image signée par Alessandro Pesci, qui a travaillé avec Nanni Moretti et une musique signée par le Grec Vangelis, le film nous emporte dans le tourbillon de la guerre et la lutte des idées. Mais l'image n'est pas sa seule force artistique, Mohamed Lakhdar Hamina est un cinéaste qui a des messages à faire passer. Dans la deuxième partie du film où sont plongés les héros du film, le réalisateur impose son discours: la mort de Guy Monnerot, le 1er novembre était une bavure, les Arabes sont des conquérants et la France des occupants, que l'armée française ne respecte pas les conventions de Genève, qu'elle empoisonne les puits du désert, en tuant les pauvres nomades. Lakhdar Hamina a rassemblé dans un film toutes les réponses aux historiens français. Un film sans doute le plus abouti de sa filmographie. Le cinéaste algérien sait également faire découvrir ses personnages en faisant sortir le meilleur d'eux-mêmes. Comme par son habitude, le réalisateur algérien, choisit des figures étincelantes de la comédie dramatique pour interpréter les rôles principaux dans ses films. Des figures peu connues du public algérien et du cinéma mondial, mais qui ont gagné les galons de l'homme à la Palme d'or. Ses trois héros ont eu des parcours opposés Samir Boitard, qui interprète le rôle de Khaled, a joué notamment dans le film Le président de Dupontel, il joue également dans la série de Canal+ Engrenages. Le commandant français est interprété par Laurent Hennequin, un chanteur à la base qui réussit sa conversion à la télévision, puisqu'il joue dans la série française Profilage. Enfin, Nicolas Bridet, le projecteur de conscience, est un comédien prolifique qui a joué dans une quinzaine de films français avant de rejoindre le Maestro algérien. Sur le plan cinématographique, l'utilisation de la langue française par les moudjahidines a été mal perçue par les observateurs, mais le cinéaste s'en défend, puisque Khaled, le chef des moudjahidine du groupe Ceca (une brigade secrète qui a réellement existé dans le maquis aurassien) est un étudiant de la Sorbonne membre de l'Ugma et qui a été recruté à la mosquée de Paris. Pour Lakhdar Hamina, l'utilisation de la langue française est un faux débat, l'essentiel est dans les rapports avec l'Autre. Crépuscules des ombres, qui est coproduit entre l'Aarc, Sunset Entertainment, le Fdatic et le Centre national des études et recherches sur l'Histoire du mouvement national et sur la révolution du 1er Novembre 1954 (Cnermnr 1954),en partenariat avec Sonatrach a coûté entre 5 et 6 millions d'euros. Un budget modeste, affirme le réalisateur qui a dénoncé les multitudes blocages pour la production de ce film important pour la filmographie algérienne.