Présenté à la presse hier à la salle El Mouggar, «Crépuscule des Ombres», dernière production du cinéaste Mohamed Lakhdar-Hamina, démontre l'humanité au-delà des conflits et des guerres. Crépuscule des ombres relate l'histoire de cinq garçons du désert choisis par l'assemblée des sages du village pour aller étudier en France. Les cinq courageux deviennent des hommes forts et indépendants désignés pour aller s'entraîner au Maroc, puis rejoindre les maquis en Algérie. Au même moment, retranché dans sa citadelle au cœur du Grand Erg, le commandant Saintenac mène une guerre féroce. Pour lui, l'Algérie, c'est la France. Il torture, tue des innocents sans état d'âme. Objecteur de conscience, protégé depuis Paris, le soldat Lambert arrive en Algérie. Il est perçu par Saintenac comme un ver dans le fruit. Seule issue pour le commandant : «briser ce blanc-bec». Il torture moralement Lambert en torturant physiquement Khaled, leader de la troupe des cinq fils du désert révoltés par l'injustice coloniale, qui se bat pour sa dignité d'homme libre, mais vite rattrapé par Saintenac. Le commandant décide d'emmener avec lui Khaled et aussi Lambert pour lui faire subir l'épreuve de «la corvée de bois», soit la corvée du soldat qui doit abattre sa victime dans le dos quand cette dernière est occupée à chercher du bois. Cette corvée tourne mal pour le commandant Saintenac qui voit le soldat Lambert refuser d'exécuter Khaled. Il désarme le commandant et c'est la fuite vers le désert. Début d'un infernal road-movie. Au-delà de cette sombre page de l'histoire, entre convictions et doutes, dans le chaos de la guerre d'Algérie, des hommes sont face à leur destin. «Crépuscule des ombres» relate l'histoire de ces trois personnages, un intellectuel nationaliste (Khaled), un commandant de l'armée coloniale (Saintenac) et un jeune soldat français (Lambert), objecteur de conscience, épris de paix, engagé contre sa volonté dans la guerre d'Algérie. Les trois protagonistes du film campés par Laurent Hannequin, Samir Boitard et Nicolas Bridet sont contradictoires et leur rapport est relatif au FLN, à l'armée française et au mouvement pour la défense des droits des peuples pour la révolution. Au-delà de la bataille de l'empire, le conflit armé entre la France et l'Algérie se transforme en un conflit oral, les discussions entre les trois personnages sont politiques et philosophiques au nom des convictions de chacun. Autre aspect très captivant du film, la beauté et l'immensité du désert algérien (Timimoun), ainsi que la générosité des gens du Sud algérien. Le réalisateur a voulu, au-delà du conflit ancestral, démontrer le côté humaniste et universel. Sous-titré en arabe sous la direction de Mohammed Lakhdar-Hamina, le film a été réalisé en partenariat avec l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), sous l'égide du ministère de la Culture, du Centre national de la recherche du 1er Novembre et Sonatrach.