Les étudiants en master 2 (système LMD) en architecture, ont déclenché un mouvement de grève dans l'ensemble des départements D'un côté les étudiants craignent pour leurs années d'études qui vont partir en fumée, de l'autre côté le Cnoa veut éviter l'industrialisation de la filière. L'inquiétude monte chez les étudiants de master en architecture, face au refus du conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa) de leur délivrer l'agrément qui leur permettra d'exercer leur métier. Le Cnoa veut de son côté éviter l'industrialisation de la filière. Le bras de fer s'annonce rude. En effet, les étudiants en master 2 (système LMD) en architecture, ont déclenché un mouvement de grève dans l'ensemble des départements du territoire national. Ce débrayage, selon les représentants du département de l'université de Blida, a été observé suite à l'information, selon laquelle le Cnoa ne délivrera pas d'agrément aux titulaires de diplômes de master en architecture. Floue A noter que, selon le décret législatif N°94-07 relatif à l'exercice de la profession d'architecte «nul ne peut se prévaloir de la qualité d'architecte agréé ni exercer cette profession, s'il n'est pas inscrit au tableau national des architectes, l'inscription au tableau national des architectes vaut agrément». En d'autres termes plus clairs, sans agrément, il n'y a ni activité, ni profession. Soit des années d'études pour rien. Les étudiants déplorent le fait qu'aucun responsable n'ait réagi «soit pour affirmer soit pour infirmer cette information». Face à cette situation «floue», les étudiants demandent à ce que leur sort soit fixé par «un décret du ministère de l'Enseignement supérieur». De son côté et face aux sollicitations des étudiants, le Cnoa a invité les diplômés de master en architecture, désirant exercer la profession d'architecte à titre privé, à déposer leurs dossiers auprès des conseils locaux territorialement compétents pour assurer un accès au stage, conformément aux dispositions du décret exécutif 98-153 du 13 mai 1998, qui définit la forme, le contenu, la durée et les modalités d'accomplissement du stage pour l'inscription au tableau national des architectes. «Le traitement et la validation des dossiers d'accès au stage conformément au décret cité, sera assuré par une commission nationale installée par le Cnoa à cet effet, sur la base, notamment des documents descriptifs annexés aux diplômes décrivant les connaissances et les aptitudes acquises, en référence à l'article 14 du décret exécutif n°08-265 du 19 août 2008», souligne un communiqué de cette institution. «Le master en architecture, un échec importé» En outre, le même document fait savoir qu' «une concertation est engagée entre le Cnoa et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour oeuvrer à l'amélioration de la qualité de la formation en architecture et au dimensionnement des besoins». De son côté, le Cnoa est contre la politique d'industrialisation de la filière. Pour Djamel Chorfi, président du Cnoa que nous avons rencontré, les universités d'aujourd'hui sont des «poules pondeuses», privilégiant «le quantitatif plus que le qualitatif». Il évoquera dans ce sens les 28 départements d'architecture du pays. «On a formé dans nos départements au bout des cinq dernières années, plus d'architectes que depuis 1962 jusqu'au passage au système LMD.» La faute selon M.Chorfi incombe «à ceux qui planifient, mais qui sont en dehors du domaine». Il a également déclaré: «C'est pas dans chaque dachra et douar qu'on ouvre des départements d'architecture», il s'agit là d'une erreur monumentale, qu'on ne «pardonnera jamais». D'après lui, une politique du «social» s'est installée. La solution, selon lui, est d'aller vers «un système des écoles qui sont sous tutelle directe du ministère de l'Enseignement supérieur» où «le Cnoa doit être consulté et intervient en amont et en aval à tous les niveaux». M.Chorfi considère qu'un master en architecture est un titre qui n'a pas de sens. Les grades de professeurs, de docteurs selon lui concernent les sciences exactes, et non pas les sciences appliquées, dont l'architecture fait partie. Il nous a indiqué concernant sa réunion de jeudi et samedi derniers avec le ministre de l'Enseignement supérieur M.Mebarki, qu'ils avaient trouvé de l'écho et de la compréhension chez ce dernier. A cet effet, M.Chorfi a exprimé sa confiance dans la démarche que le Cnoa mène avec la tutelle. Concernant le système LMD pour l'architecture, notre interlocuteur a estimé qu'il était «un échec importé». «Le volet art de l'architecture a été castré.» Les étudiants sont «des victimes de ce système» selon lui, l'architecture est devenue une sous-filière, privée de sa noblesse, alors qu'elle aurait dû bénéficier d'un domaine qui lui est propre. «Pour cette réforme on n'a jamais été associés ou consultés, malgré qu'on est les utilisateurs de ce produit.»