La Principale Organisation marocaine, indépendante, de défense des droits humains a décidé de ne pas prendre part à ce rendez-vous et a dénoncé des provocations qu'elle subit de la part du pouvoir marocain. Un cheveu sur la soupe. L'événement s'annonçait grandiose. 5000 participants venant de 94 pays sont attendus à la seconde édition du Forum mondial des droits de l'homme qui doit se tenir du 27 au 30 novembre dernier à Marrakech. Une manière pour le pouvoir marocain de se refaire une virginité en matière de liberté et de droit d'expression. L'Association marocaine des droits humains (Amdh) principale organisation marocaine, indépendante, de défense des droits de l'homme a décidé de ne pas prendre part à ce rendez-vous et a dénoncé des provocations qu'elle subit de la part du pouvoir marocain. «On ne compte plus les positions hostiles à l'égard de l'Amdh, surtout de la part du gouvernement. Cette hostilité s'est d'ailleurs exacerbée depuis quelques mois. En juillet dernier, le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, a accusé notre association de travailler selon un agenda extérieur et de servir d'autres intérêts que ceux des droits de l'homme» a indiqué le président de cette ONG, Ahmed el Haij, dans une interview accordée au journal d'information en ligne Huffington Post. «Depuis peu, c'est désormais nos évènements qui se voient systématiquement interdits. Participer au Forum reviendrait, donc, à cautionner ces interdictions» a-t-il confié au HuffPost Maroc. L'Amdh a donc décidé de ne pas vendre son âme au diable. De ne pas piétiner les principes qui lui ont conféré une crédibilité attestée. S'asseoir aux côtés du Cndh, Conseil marocain des droits de l'homme, inféodé au Makhzen qui est un des principaux parrains de rencontre reviendrait à fouler aux pieds les positions qui ont fait sa notoriété au niveau international. Le Cndh ne vient-il d'ailleurs pas de se faire vertement sermonner par le Parlement européen. «Intervenant devant les membres de la sous-commission des droits de l'homme au Parlement européen, le président du Cndh, Driss El Yazami a été «sévèrement» interpellé par des députés européens sur la «situation calamiteuse» des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés» a fait part une information émanant de Bruxelles. Qu'a-t-on reproché à cette Organisation mandatée par Rabat? «Parmi les griefs rappelés par les eurodéputés ont figuré la «tragédie sanglante» de Gdeim Izik en 2010, le décès du militant sahraoui, Hassan al Wali, sous la torture, l'isolement des prisonniers d'opinion qui n'ont pu être visités, y compris par des députés européens et les mauvais traitements qui leur sont infligés» a indiqué la même source. L'Amdh souvenons-nous a eu à prendre des positions courageuses concernant la répression exercée contre des militants sahraouis des droits de l'homme. Elles ont agacé le pouvoir marocain. Rappel. «La situation actuelle du Maroc en matière des droits humains est inquiétante. Après les nombreux acquis et réalisations dans les années 1990, le Maroc est dans une tendance de recul préoccupante. Les violations graves de droits humains sont de plus en plus nombreuses: tortures, enlèvements, procès inéquitables, conditions carcérales catastrophiques, violences à l ́égard des femmes et des enfants, harcèlement et menaces à l ́encontre de défenseurs des droits humains et j ́en passe», avait déclaré l'ex-présidente de l'Amdh Khadidja Ryadi en pleine affaire Aminatou Haider. La militante sahraouie des droits de l'homme avait engagé un bras de fer avec les autorités marocaines sur fond d ́une grève de la faim qui aura duré 32 jours suite à son expulsion à Lanzarote (Iles Canaries). Elle a fini par rentrer triomphalement à Laâyoune le 17 décembre 2009 sous l'effet de la pression internationale. Les choses n'ayant guère évolué, l'Amdh a décidé de ne pas prendre part à cette grande messe des droits de l'homme organisée par un pays qui les bafoue.