Les signataires de la déclaration ne reconnaissent pas la commission de préparation du congrès. De turbulence en turbulence, le FLN risque de retarder une nouvelle fois son fameux congrès rassembleur, initialement prévu pour la fin du mois de septembre. C'est, du moins, l'idée générale qui ressort du communiqué rendu public hier, par les coordinateurs de wilayas du mouvement de redressement, réunis à Alger durant la soirée de samedi. Loin de mâcher leurs mots, même s'ils évitent de s'attaquer frontalement à celui qui se trouve être leur chef de file, Belkhadem en l'occurrence, ils n'en contestent pas moins le fait qu'il ait cautionné la composition de la commission de préparation du 8e congrès, dit rassembleur. La rencontre, qui avait eu lieu à l'hôtel Mouflon d'Or, le 27 du mois dernier, avait vu le retour en force des anciens pro-Benflis, y compris certains des adversaires les plus acharnés du président de la République. Cela, au moment où, s'indigne le communiqué, «des éléments importants du mouvement de redressement en ont été écartés». C'est pourquoi les auteurs de cette montée au créneau, qui implique en quelque sorte celle d'une partie non négligeable du Fln, évoquent carrément «la mise en branle d'un complot visant à exclure les membres du mouvement de redressement». Le communiqué, qui met en avant «la mauvaise foi prouvée de l'autre camp à la suite des élections qui ont eu lieu à l'APN», ajoute qu'«il existe une volonté de jeter à bas les idéaux qui avaient présidé au combat de ce mouvement». Les auteurs du communiqué, qui disent représenter l'ensemble des régions du pays, et dont les idées rejoignent en partie celles de la plupart des membres du bureau national du mouvement de redressement, tracent un tableau très sombre quant à la suite des évènements. «Partant du constat que la plupart des membres de ce qui s'appelle la commission de préparation du congrès rassembleur étaient à l'origine membres de la commission qui avait préparé le congrès annulé par la justice, et qui était à l'origine de la fitna et des déviations politiques, nous refusons cette commission tout en nous demandant comment peut-il être possible que l'on accorde sa confiance ceux qui se sont rendu coupable d'un véritable séisme au sein de notre formation». C'est donc un conflit frontal qui s'annonce dans les prochains jours, puisque Belkhadem, qui voulait accélérer le mouvement, compte tenu des échéances prévues à la rentrée sociale, semble avoir été amené à revoir à la baisse les demandes formulées par son mouvement au lendemain de la présidentielle d'avril dernier, et même à faire pas mal de concessions aux militants qui avaient soutenu la candidature de leur adversaire direct. Même si aucune décision sur la suite à donner à cette véritable levée de couverture politique à une commission dont la mise en place ne s'était pas faite sans remous, il n'en demeure pas moins qu'une grave et nouvelle crise politique se profile à l'horizon puisque de nombreux membres influents du mouvement de redressement ne sont pas loin de penser la même chose, même s'ils se gardent, pour le moment, d'en parler publiquement. Toujours est-il que la revendication première formulée dans ce communiqué consiste à revenir à la ligne tracée lors de la rencontre de Djelfa et, partant, les conditions qui avaient été édictées par Belkhadem au lendemain du 8 avril, lors de sa première rencontre avec Abada, à savoir que tous ceux qui se sont rendu «coupables» d'attaques contre les symboles de la République doivent se tenir en retrait, ne pas prendre part à la préparation du congrès, quitte à ce que la base les plébiscite de nouveau puisqu'aucun délégué sorti des urnes ne devait être exclu de ces assises. Sans le citer nommément, de nombreux militants et cadres du mouvement de redressement accusent le RND d'avoir infiltré les rangs du FLN à la suite de cette crise afin d'en profiter pour affaiblir le FLN et devenir chef de file de l'alliance présidentielle ainsi que de la coalition gouvernementale. Ainsi, les auteurs du communiqué, qui donnent l'air de ne plus savoir à quel saint se vouer, s'accrochent encore au chef de l'Etat à qui ils réitèrent leur soutien indéfectible. Cela sera-t-il suffisant dans une bataille qui s'annonce des plus ardues?