Les ténors du mouvement de redressement riposteront en fonction des résultats de cette rencontre capitale. Longtemps tenus en haleine par un sourd bras de fer entre anciens pro-Benflis et redresseurs, observateurs, militants et dirigeants devraient être en grande partie fixés sur le sort définitif du FLN après la tenue de la réunion du comité central issu du 7e congrès, prévue aujourd'hui à l'hôtel Les Sables d'Or de Zéralda. Hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, l'autorisation n'avait pas été accordée par la wilaya d'Alger. Aussi, est-il possible que la rencontre se tienne en fin de compte au siège du parti, comme cela avait été le cas au mois d'avril passé, au lendemain de la défaite électorale d'Ali Benflis. D'ores et déjà, les spéculations sont allées bon train sur les intentions d'Abdelkrim Abada, dirigeant du groupe des douze et vis-à-vis d'Abdelaziz Belkhadem. Ainsi, comme le supposent des membres influents du mouvement de redressement, «Abada a l'intention de jouer son va-tout à travers cette ultime réunion de l'instance suprême du FLN depuis l'invalidation par la justice du 8e congrès, organisé par son ancien secrétaire général, Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle du 8 avril de cette année». Celui-ci, en revanche, garde un secret absolu sur la rencontre en question qu'il justifie juste par le fait que «la session qui avait vu la démission de Benflis et la mise en place du groupe des douze ayant été laissée ouverte, il est tout à fait normal qu'elle soit convoquée de nouveau ne serait-ce que pour être clôturée». Or, c'est loin d'être l'avis des redresseurs qui y flairent une nouvelle manoeuvre de la part de celui qui a déjà refusé de dissoudre son groupe au sein de la commission de préparation du 8e congrès, comme il avait été entendu avec les dirigeants nationaux du mouvement de redressement. Ces derniers, par la voix de leur chef de file, Abdelaziz Belkhadem, ne reconnaissent quand même pas la légitimité de ce comité central puisque son mandat, est-il martelé, «a expiré depuis de très nombreuses années». Flairant une manoeuvre, comme les ténors de ce vieux parti savent en concocter autant de fois que nécessaire, les redresseurs avec lesquels nous avons pris attache, hier, se disent convaincus qu'Abada a l'intention de court-circuiter le mouvement ainsi que la commission de préparation du 8e congrès en procédant, ce jeudi, à l'élection d'un bureau politique et, accessoirement, d'un secrétaire général. Les spéculations, déchaînées, avancent même deux noms, tous deux connus pour leur engagement aux côtés de la candidature de leur ancien secrétaire général. Il s'agit de Boualem Benhamouda ou bien Mohamed Djeghaba. La rencontre sent d'autant plus la manoeuvre, précisent nos sources, qu'elle a été programmée en plein mois de Ramadan, et en l'absence de Belkhadem, en déplacement à l'étranger dans le cadre de ses nombreuses charges ministérielles. C'est la raison pour laquelle le mouvement de redressement, à commencer par les ministres eux-mêmes, ont lancé un appel solennel aux membres du comité central afin de ne pas prendre part à cette rencontre. Il est difficile de dire si cette demande sera largement suivie ou pas, partant du constat qu'à deux reprises le comité central a largement dépassé le quorum sur appel des anciens pro-Benflis. Ceci d'une part. D'autre part, il n'est pas exclu qu'Abada n'aille pas jusqu'à cette extrémité qui risque de sceller la cassure définitive du parti, et se contenter juste de demander le renouvellement de la confiance du CC en direction du groupe des douze. De leur côté, les redresseurs, qui suivent avec attention cette affaire, promettent une riposte à la mesure de ce qui va émaner de la réunion du comité central. Le moins que l'on puisse dire c'est que le FLN, entré dans une grave zone de turbulences depuis plus d'une année, se trouve à présent à la croisée des chemins puisque la réunion de ce comité central s'annonce décisive à plus d'un titre.