A en croire certaines sources, la composante de la commission chargée de préparer le congrès aurait été «bidouillée» par les pro-Benflis. Nouveaux rebondissements, et non des moindres, dans la crise qui secoue le FLN depuis plus d'une année. Nous apprenons, en effet, qu'Abdelaziz Belkhadem aurait décidé de donner suite, discrètement, à l'ultimatum que lui avaient adressé la semaine passée l'ensemble des coordinateurs de wilayas du mouvement de redressement. Des sources influentes proches de celui-ci nous informent ainsi que «même si la riposte s'est faite d'une manière aussi musclée, elle a voulu avant tout protéger Belkhadem, qui reste notre porte-parole et notre leader incontesté». Explications: «Belkhadem, à cause de sa bonne foi, a littéralement été pris en otage par les anciens pro-Benflis, notamment Abdelkrim Abada et Salah Goudjil.» Nos sources en veulent pour preuve irréfutable le fait que «ces deux personnes se sont permises de supprimer de la liste initiale pas moins de 17 noms avant d'y rajouter 19 autres». Belkhadem, qui se serait rendu compte trop tard de la «supercherie», pour reprendre les propres termes de nos sources, «a perdu toute confiance en ses partenaires avec lesquels il voulait sincèrement aller vers un congrès rassembleur». La «rupture» n'est pas pour autant consommée. En fait, selon nos sources, «ce qui dérange le plus les coordinateurs de wilayas, que nous soutenons dans leur démarche, c'est que figurent, dans la commission, des noms qui se sont particulièrement distingués par leurs insultes contre le président et leurs atteintes aux institutions de l'Etat par le biais de médias étrangers alors que dans le même temps, des militants moins impliqués dans cette cabale, quoique demeurés avec Benflis, ont été écartés». Réitérant les principes mêmes sur lesquels était fondé le mouvement de redressement depuis sa naissance, notamment ses déclarations de politique générale, précisément ceux datés du 5 avril et du 6 juin de cette année, «il est absolument proscrit que ceux qui se sont rendu coupables de l'échec du FLN et qui ont risqué de le faire disparaître en provoquant l'annulation de son congrès, puissent occuper des places de premier plan dans la préparation du 8e congrès, que nous continuons à espérer rassembleur». Belkhadem, qui semble avoir saisi le message, et qui sait que son avenir politique au sein de la coalition gouvernementale dépend étroitement de celui de la formation qu'il est venu redresser, donne l'air de vouloir donner suite, discrètement toutefois, au fameux ultimatum qui lui avait été adressé la semaine passée. C'est ainsi que nous apprenons que celui qui préside la commission en question, et qui n'est autre que Belkhadem, a d'autorité, décidé de rayer de la liste les 17 noms rajoutés. Il a, dans le même temps, adressé des convocations personnelles aux 19 personnes qui avaient été écartées sans son assentiment afin de les réintégrer au sein de cette instance. Parallèlement, Belkhadem, qui doit coûte que coûte en finir avec cette question avant le cinquantenaire de la guerre de Libération nationale, procèderait dès cette semaine à la mise en place des commissions de wilayas. Rien n'est moins sûr toutefois. Les coordinateurs de wilaya, ignorant sans doute les signes de bonne volonté de leur chef de file, se sont une nouvelle fois réunis, à Oran. Lors de la rencontre de jeudi, le même ultimatum, basé sur les mêmes récriminations dont la presse s'était largement fait l'écho a encore une fois été lancé. Mieux, les choses sont allées encore plus loin cette fois-ci puisqu'une coordination nationale formée de sept responsables locaux a été dégagée à l'occasion de la rencontre de ce jeudi. Ce n'est pas tout. Les 48 coordinateurs ajoutent que lors de la réunion de Tizi Ouzou, prévue le week-end prochain, une commission parallèle sera mise en place dans le cas où Belkhadem ne donne pas suite à l'ensemble des revendications soulevées. Comme si toute cette «tambouille» ne suffisait pas. Voilà que des coordinateurs représentant un autre camp sont venus soutenir la démarche actuelle de Belkhadem, et dénoncer celle de leurs pairs à la suite d'une rencontre qui a eu lieu ce week-end à Béjaïa et qui a regroupé pas moins de 31 wilayas. Il convient de rappeler, à ce propos, que la question des multiplications des coordinateurs avait déjà été soulevée, sans que Belkhadem puisse y mettre le holà. Chaque membre influent du mouvement de redressement, profitant de la confusion qui a régné pendant de nombreux mois, a en effet placé ses propres hommes en prévision, soit d'un coup de force, soit d'un coup de main en faveur de tel ou tel autre candidat. Les résultats premiers sont là. Car ce n'est pas fini. Nos sources, en effet, n'excluent pas que tout cela obéissent en fait à la volonté de remiser définitivement le FLN au musée de l'histoire, pour ne pas dire au placard. «Des complicités existent même dans les rangs de notre formation. Il s'agit de ceux dont la carrière est derrière eux et qui ne veulent pas tirer la révérence tout seuls». Suivez leur regard...