Le gouvernement de transition du Burkina Faso, à prédominance militaire, devait tenir hier son premier Conseil des ministres. «La nouvelle équipe est conviée à un premier Conseil des ministres» hier en matinée, a annoncé Alain Thierry Ouattara, nouveau secrétaire général du gouvernement qui a lu la composante du cabinet intérimaire devant la presse au palais présidentiel de Kosyam, à Ouagadougou. En dépit du contrôle affiché des militaires sur ce gouvernement de transition, plusieurs postes importants ont néanmoins été confiés à des membres de la société civile. En effet, l'économie et les finances ont été confiés à Jean Gustave Sanon, qui avait travaillé dans ce ministère au Burkina, avant de faire carrière à l'Uémoa (l'union monétaire ouest-africaine, la zone franc CFA) et au Fonds monétaire international (FMI). Joséphine Ouédraogo, candidate malheureuse au poste de président de la transition, hérite du portefeuille de la Justice. Augustin Loada, figure éminente de la société civile, est chargé de la Fonction publique. Volontairement, les chefs de l'opposition ne figurent pas au gouvernement de transition, car aucun des membres du nouvel exécutif ne sera autorisé à participer aux élections de novembre 2015. Vendredi dans son discours d'investiture, le président Kafando a fixé un cap clair au régime de transition: «tourner la page des 27 années de pouvoir de Blaise Compaoré». Le lieutenant-colonel Issac Zida cumule le poste de Premier ministre avec celui de ministre de la Défense, et l'un de ses bras droits, le colonel Auguste Denise Barry, a été nommé au poste de ministre de l'Administration territoriale et de la Sécurité, l'équivalent du ministère de l'Intérieur. Au total, l'armée compte quatre membres (avec le ministère des Mines et celui des Sports) dans ce gouvernement de transition qui comporte 26 portefeuilles et qui gérera le Burkina jusqu'aux élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2015. Le président de la transition, Michel Kafando, qui fut longtemps ambassadeur auprès de l'ONU, occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères. L'armée avait pris le pouvoir le 31 octobre après la démission du président Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire après 27 ans de pouvoir. Les hauts gradés avaient désigné le lendemain Isaac Zida comme chef de la transition, mais sous la forte pression internationale et face au mécontentement de la population, celui-ci s'était engagé à rendre rapidement le pouvoir aux civils. L'armée reste une force politique importante dans ce petit pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants, qui n'a connu que des militaires au pouvoir depuis 1966, comme bon nombre de pays dans le monde.