Le président égyptien a quitté hier Le Caire pour l'Italie, entamant sa première tournée dans l'Union européenne qui doit le mener en France, afin de tenter d'attirer les investisseurs étrangers malgré des troubles politiques persistants. Elu président en mai, M. Sissi a, outre les Frères musulmans, également éliminé de la scène politique toute opposition laïque et libérale. Cet autoritarisme a été dénoncé par des ONG et ainsi que des pays étrangers, le grand allié américain de l'Egypte exprimant ainsi régulièrement son «effroi» sur le bilan égyptien en matière de droits de l'homme et réduisant même son aide militaire au Caire l'an dernier. Mais l'élection confortable de M. Sissi, sa popularité et surtout son rôle de plus en plus important dans la lutte contre les groupes armés jihadistes, un ennemi commun que des pays occidentaux et arabes frappent en Irak et en Syrie, ont réhabilité l'Egypte sur la scène internationale. Washington a d'ailleurs fourni au Caire des hélicoptères Apache pour lutter contre les jihadistes, très actifs dans la péninsule du Sinaï, notamment Ansar Beit al-Maqdess, qui a prêté allégeance au puissant groupe Etat islamique (EI), devenu l'ennemi public numéro un. Les jihadistes égyptiens, qui multiplient les attaques meurtrières contre les forces de sécurité, disent agir en représailles à la répression tous azimuts menée par M. Sissi. Fin octobre, l'attentat le plus grave depuis la destitution de M. Morsi a tué 30 soldats dans le Sinaï. La lutte antijihadiste, notamment contre les groupes armés islamistes qui font la loi en Libye voisine, sera notamment au menu des discussions du président égyptien avec ses homologues français et italien lors de cette visite de quatre jours. «Nous allons bien sûr discuter avec la France des moyens d'aider le gouvernement libyen (reconnu par la communauté internationale, NDLR) à rétablir la stabilité et la paix en Libye», a affirmé le porte-parole de la présidence, Alaa Youssef. Lors d'une visite au Caire en septembre le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait souligné «le risque de globalisation du terrorisme», notamment «en raison de la situation en Libye, au Niger et dans le Sahel». «Face à ces menaces, nous devons agir car notre sécurité collective est en jeu en Syrie comme en Libye, aux portes de l'Europe et de l'Egypte», avait alors dit le ministre français. Accusé, notamment par les Etats-Unis, d'avoir lancé en août des raids aériens contre des milices islamistes dans le secteur de l'aéroport de Tripoli, avec les Emirats arabes Unis, Le Caire a toujours nié toute «implication directe» dans le chaos libyen. Outre le président François Hollande, qu'il avait déjà rencontré en septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, M. Sissi discutera demain en France avec le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. En Italie, M. Sissi doit rencontrer le Premier ministre Matteo Renzi et des hommes d'affaires, selon l'agence italienne ANSA. Outre les questions de terrorisme, ils devraient évoquer ensemble des aspects économiques et sociaux comme les investissements et la réduction de la pauvreté. Le président égyptien envisage la tenue d'une conférence économique internationale au premier trimestre 2015 pour attirer des investisseurs étrangers et relancer l'économie exsangue, notamment son secteur touristique. M. Sissi devait avoir également une audience avec le pape François hier au Vatican, d'après l'agence d'informations religieuses I.Media, qui la présente comme la première visite d'un chef de l'Etat égyptien depuis huit ans.