Le projet de la nouvelle Constitution sera-t-il soumis aux députés? Alors qu'on avait presque oublié le dossier, le débat sur la révision de la Constitution est relancé après la dernière annonce faite par le président de la République. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé en effet que l'Algérie se préparait «sérieusement» pour la révision de sa Constitution «en se basant sur les résultats des larges consultations organisées à cet effet». Le chef de l'Etat a précisé que l'objectif était de «dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l'efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles». «Il est clair que l'objectif visé est de faciliter le processus d'ouverture de la société algérienne, en oeuvrant à la préservation de sa stabilité et en lui épargnant les perturbations que connaissent différents pays du monde en cette ère marquée par de profondes mutations», a encore soutenu le président de la République. Pour ce faire, le président annonce qu'il veillera particulièrement à ne pas verser ni dans l'imitation ni dans l'improvisation. «Notre pays qui a subi les affres du terrorisme, refuse de s'aventurer dans pareille entreprise, qui souvent engendre des drames et que notre société rejette d'emblée», a insisté le président Bouteflika. Quelques minutes après cette annonce (la plus importante depuis la rentrée sociale) la classe politique s'est subitement réveillée. Les divergences au sein de la majorité présidentielle sur la question ont été subitement dissipées. Dès l'annonce de la nouvelle, c'est le branle-bas de combat dans les états-majors des partis de l'Alliance présidentielle. Le premier à réagir est comme d'habitude, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani qui a mobilisé ses troupes dès la fin du discours pour se préparer à cette révision historique de la Constitution. Pour cela, il a convoqué une réunion extraordinaire du groupe parlementaire du FLN aujourd'hui à 14h à l'hôtel El Aurassi. L'ordre du jour du parti majoritaire à l'Assemblée, c'est d'accompagner l'action du président pour la révision de la Constitution. Le FLN tient à sa proposition de poste de vice-président de la République qui a été supprimé du projet de la Constitution soumis à l'étude aux partis et aux politiques. Cette mobilisation gagnera également les autres partis de l'Alliance à l'image du RND de Bensalah, du MPA de Amara Benyounès mais aussi du TAJ de Amar Ghoul. Tous ont soutenu le programme du président et apporteront un soutien indéniable quel que soit le contenu du texte de la révision du Conseil constitutionnel. Cette annonce politique a coupé aussi court aux revendications de l'opposition qui a appelé à une élection présidentielle anticipée. D'ailleurs, dans une interview accordée à TSA, Amara Benyounès qui a violemment critiqué l'opposition, affirme que la Constitution est une affaire extrêmement importante et que sa révision aura lieu au premier semestre 2015. Mais les partis au pouvoir comme ceux de l'opposition demeurent dans le flou et attendent plus de précisions sur le contenu de cette révision. Le retour à deux mandats de cinq ans ou le passage au mandat de sept ans, la création d'un poste de vice-président ou le retour à la formule de chef du gouvernement sont autant de points soulevés ou souhaités par les partis de la classe politique. Ce qui est également attendu est que cette nouvelle Constitution soit adoptée probablement par les deux chambres du Parlement réunies lors d'une session extraordinaire. Le président Bouteflika qui a eu la sagesse d'opter pour le vote au Parlement en avril 2002 concernant l'adoption du projet de révision de la Constitution et l'officialisation de tamazight, pourrait choisir la même voie pour faire accepter la future Constitution. Pour le moment, beaucoup de brouillard entoure cette révision, la synthèse des synthèses devra d'abord passer devant le Conseil des ministres, avant de passer devant les deux chambres réunies. Par ailleurs, nous avons perdu beaucoup de temps pour une réflexion qui avait déjà été lancée en 2011 avec la commission Bensalah et qui a été accompagnée par les consultations de Ouyahia en 2014. L'Algérie qui est devenue un exemple de stabilité économique et sociale a besoin d'avancées sur le terrain politique pour parfaire son apprentissage démocratique et éviter ainsi les critiques ou les interrogations de certaines nations en avance ou en développement dans ce domaine.