Il s'agit d'une guerre psychologique visant à donner l'impression d'une omniprésence. A la veille du Nouvel An, les services de renseignements des capitales méditerranéennes sont en état d'alerte maximal. Il ne s'agit pas de simples assertions, le réseau de Ben Laden a montré maintes fois de quoi il est capable. Alger, Madrid, Casablanca et d'autres capitales à travers le monde en ont fait l'amère expérience. Al Qaîda réplique de façon caractéristique par une série d'atrocités destinées à tuer, intimider, détruire et à brûler ceux qu'elle considère comme étant ses adversaires. De Paris à Alger, de Madrid à Casablanca et de Rome à Tunis, c'est le branle-bas de combat et les services de renseignements sont sur le qui-vive. Depuis les derniers attentats suicides du 11 décembre à Alger, les services de sécurité des pays méditerranéens craignent toujours les actions d'apparat à la veille du Nouvel An. Cette crainte est justifiée par plusieurs raisons. Si ces raisons paraissent parfois irrationnelles, elles sont souvent fondées si l'on se place du point de vue des militants d'Al Qaîda. Tout d'abord, parce que le Nouvel An tombe quelques semaines après les attentats d'Alger. Il est donc important pour les idéologues d'Al Qaîda de continuer dans cet élan d'atrocités pour entretenir la terreur et doper le moral de ses éléments réticents. C'est en quelque sorte une guerre psychologique qui vise à donner l'impression d'une omniprésence. Et puis, le Nouvel An est un rendez-vous mondial et la nébuleuse Al Qaîda ne peut espérer meilleure aubaine pour donner un retentissement mondial à ses actions. Ensuite, l'éventualité d'un attentat est d'autant plus probable qu'il s'agit d'une fête chrétienne. Enfin, parce que la fête du Nouvel An ne pouvait que déplaire aux islamistes radicaux. Pour toutes ces raisons, le pire est à craindre et la vigilance est à son plus haut niveau. Ce n'est pas la première fois que la nébuleuse menace de frapper à la veille d'un Nouvel An. On se rappelle de l'épisode des diplomates américains en Tunisie sauvés in extremis d'un enlèvement à la veille du réveillon de l'année 2006. La tentative a été déjouée grâce à la vigilance des services de renseignements algériens. Le renforcement de la coopération internationale, c'est l'une des parades les plus efficaces contre le terrorisme transnational. C'est grâce à cette collaboration que la vie de diplomates américains a été sauvée. Il n'y a pas de doute qu'Al Qaîda tentera de marquer la fin de cette année 2007 par des attaques kamikazes, des attaques à l'explosif ou alors par des kidnappings. Les ports, aéroports, les lieux publics et les sièges des ambassades et des organisations internationales sont ainsi placés sous haute surveillance. Aucune cible n'est à écarter dans l'agenda d'Al Qaîda. Le quotidien américain Washington Post a fait remarquer dans son édition du 25 décembre que les attentats suicides qui ont ciblé le siège de l'ONU à Alger le 11 décembre, et tué au moins 37 personnes, dont 17 du personnel de l'ONU, ont fourni une démonstration sanglante et l'Organisation des Nations unies figure parmi les objectifs clés d'Al Qaîda à l'échelle mondiale. Avant l'attaque d'Alger, l'ONU a déjà investi des millions de dollars pour fortifier ses installations et ses convois en réponse à des menaces en Afghanistan et en Irak. Mais l'attaque d'Alger -la plus meurtrière pour les Nations unies depuis l'attentat à la bombe de son siège à Baghdad en août 2003- fournit un rappel brutal de la vulnérabilité de l'organisation internationale, même dans des endroits relativement paisibles. Au début des années 1990, Al Qaîda avait projeté des attentats contre le siège des Nations unies. Ben Laden a mis à prix (10.000 grammes d'or, l'équivalent de 137.000 dollars), la tête de M.Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'ONU, et celle du diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, qui a chapeauté les délégations diplomatiques de l'ONU en Afghanistan et en Irak. Aussi, toute organisation, association, infrastructure, publique ou privée, est potentiellement menacée. Pour faire exister cette insatiable machine à tuer, il faut du sang, rien que du sang.