L'ONG internationale de défense des droits de l'homme basée à Londres dénonce une restriction de ses activités au Royaume chérifien et souligne la crédibilité écornée de cet événement. Le Maroc comptait se refaire une virginité en matière de liberté et de droit d'expression. C'est raté! La seconde édition du Forum mondial des droits de l'homme qui s'est tenue du 27 au 30 novembre derniers à Marrakech devait servir de tremplin à cette forfaiture. Avortée, elle s'est transformée en tribune pour montrer le vrai visage du pouvoir marocain et ses méthodes utilisées pour mettre au pas toute voix dissonante. «Pour la première fois depuis 1993, les autorités marocaines ont essayé, ces derniers mois, de limiter les activités d'Amnesty International en faveur des droits humains dans leur pays. Ces restrictions qui concernent nombre de groupes de défense des droits humains dans le pays jettent une ombre sur le Forum mondial des droits de l'homme, qui s'est ouvert jeudi (le 27 novembre, Ndlr) à Marrakech», a dénoncé un communiqué public d'Amnesty International. L'ONG internationale de défense des droits de l'homme basée à Londres dénonce une restriction de ses activités au Royaume chérifien et souligne la crédibilité écornée de cet événement. «Depuis le lancement de sa campagne mondiale pour l'abolition de la torture en mai 2014, Amnesty International est confrontée à une série de restrictions de ses activités dans le pays», précise la même source. «Le camp de jeunesse organisé annuellement par Amnesty International à Bouznika, près de Rabat, a été interdit (septembre 2014, Ndlr) par les autorités, bien que l'organisation ait effectué toutes les démarches requises pour les informer» rappelle AI qui souligne que «la crédibilité du forum des droits de l'homme qui se tient à Marrakech, se trouve entamée par la décision de huit groupes, parmi lesquels des associations importantes de défense de ces droits, de ne pas participer à l'événement, afin de protester contre la série d'interdictions visant des activités publiques qu'elles organisaient». L'Association marocaine des droits humains (Amdh) principale organisation marocaine, indépendante, de défense des droits de l'homme a en effet décidé de ne pas prendre part à ce rendez-vous et a dénoncé les provocations qu'elle subit de la part du pouvoir marocain. «On ne compte plus les positions hostiles à l'égard de l'Amdh, surtout de la part du gouvernement. Cette hostilité s'est d'ailleurs exacerbée depuis quelques mois. En juillet dernier, le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, a accusé notre association de travailler selon un agenda extérieur et de servir d'autres intérêts que ceux des droits de l'homme» avait indiqué le président de cette ONG, Ahmed el Haij, dans une interview accordée au journal d'information en ligne Huffington Post. «Participer au Forum reviendrait, donc, à cautionner ces interdictions» a-t-il ajouté. Amnesty International exhibe les preuves de l'hostilité du pouvoir marocain à l'égard de l'Amdh. «Deux membres de l'Association marocaine des droits humains (Amdh) se trouvent toujours derrière les barreaux pour avoir signalé qu'ils avaient été agressés après avoir pris part à des manifestations pacifiques» fait remarquer l'ONG internationale de défense des droits humains. Que leur reproche-t-on? «En juin et juillet derniers, Oussama Housne et Wafae Charaf ont été déclarés coupables d'affirmations mensongères. Ils avaient déclaré que des inconnus les avaient précédemment enlevés et torturés. Ils ont été condamnés à trois et deux ans de prison respectivement», précise Amnesty International qui note que «d'autres groupes de défense des droits humains au Maroc rencontrent des difficultés à se faire enregistrer. Parmi eux, plusieurs branches de l'Amdh, ainsi que Freedom Now». Que faut-il en conclure? «Les tentatives des autorités marocaines visant à renforcer leur contrôle sur ceux qui critiquent le bilan du pays en matière de droits humains ne feront qu'éveiller la suspicion qu'elles ont quelque chose à cacher», assène sans détours Amnesty International. La grande messe des droits de l'homme de Marrakech s'est transformée en requiem pour le Makhzen.