« It's a SHAM(e) ! » « C'est une farce, une honte ! » C'est avec ce jeu de mots que des activistes des droits de l'Homme ont mené leur campagne contre la tenue du forum mondial des droits de l'homme à Marrakech. Mal parti à l'ouverture, jeudi dernier, le forum est mal arrivé, à la clôture hier.Le Makhzen n'a pas pu soigner son image, synonyme de viols, tortures, d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, d'enlèvements. Quasiment toutes les organisations internationales des droits de l'Homme, Fédération internationale des droits de l'Homme, Amnesty ...ont boudé cette « farce ». « Pour la première fois depuis 1993, les autorités marocaines ont essayé, ces derniers mois, de limiter les activités d'Amnesty International en faveur des droits humains dans leur pays. Ces restrictions qui concernent nombre de groupes de défense des droits humains dans le pays jettent une ombre sur le forum mondial des droits de l'homme, qui s'est ouvert jeudi à Marrakech », dénonce cette ONG dans un communiqué rendu public vendredi dernier. La FIDH a motivé son boycott par la multiplication des violations des droits de l'homme au Sahara occidental et au Maroc. « Le Maroc persiste dans ses graves violations des droits les plus élémentaires, dont la répression, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, enlèvements », écrit la FIDH rappelant le rapport mondial sur la torture publié en mai 2014. Les défenseurs des droits humains dans le royaume, les syndicats, les organisations estudiantines et de la société civile estiment que leur pays n'a pas un bilan « reluisant » en matière de respect et de promotion des droits de l'Homme pour accueillir une manifestation d'une telle ampleur. Hostiles à la tenue de cet événement sur leur sol, certains se sont rendus sur les lieux pour des sit-in de protestation. « La tenue de manifestations sur les droits de l'homme ne suffit pas pour promouvoir les principes des droits de l'homme », écrit la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, dans sa lettre de soutien à l'Association marocaine des droits de l'Homme qui a opté pour le boycott de cette messe. L'ONG algérienne qui n'a pas manqué de dénoncer « un discours conforme aux principes pour la consommation internationale et pour la vitrine démocratique et une pratique aux antipodes de ce discours » rappelle que des militants sahraouis croupissent arbitrairement dans les geôles de sa majesté. Les prisonniers sahraouis de Gdeim Ezik qui ont décidé de marquer ce forum par une grève de la faim estiment que Rabat a besoin certes de « polir » son image mais surtout de faire taire ceux qui « revendiquent » l'élargissement du mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme. Mais comme il ne daigne même pas inviter Christopher Ross, l'envoyé spécial du SG de l'ONU, à reprendre ses tournées, et Mme Kim Bolduc, la diplomate canadienne, à prendre ses fonctions de chef de la Minurso, cette « farce » ne pourra pas convaincre grand monde.