Une école bilingue hébreu-arabe fréquentée par des Arabes et des Israéliens, située à Jérusalem-Ouest, a été incendiée samedi. Les incendiaires signent leur forfait, laissant sur place des tags anti-arabes. «Mort aux Arabes»...«Stop à l'assimilation» ont été tagués en lettres hébraïques sur les murs de l'école. Le méfait n'est pas inédit et vient quelques jours après l'incendie d'une mosquée en Cisjordanie. En fait, depuis des lieux de culte, musulmans et chrétiens, jusqu'à ceux du savoir, il n'y a avait qu'un pas que les extrémistes israéliens ont vite fait de franchir. C'est d'autant hideux que cette école est l'une des rares du genre en Israël qui voulait montrer que la cohabitation était possible entre Israéliens et Palestiniens. Il fallait compter avec ceux qui ne l'entendaient pas ainsi. La ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni, réagissant au crime avait promis, dimanche, «zéro tolérance» contre de tels actes. De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a aussi condamné cette attaque. Selon lui, «l'incendie de cette école bilingue va à l'encontre des efforts importants menés pour ramener le calme à Jérusalem». Toutefois, il y a comme un défaut dans les propos des responsables israéliens, lorsqu'on note que ces crimes contre les lieux de culte musulman, chrétien et le patrimoine palestinien - relevons que c'est le premier établissement israélien à avoir été attaqué - qui se répètent depuis des années, sont non seulement tolérés - quand ils ne sont pas possiblement encouragés - mais impunis. Nous avons relevé, dans ces mêmes colonnes, la semaine dernière, la réunion du cabinet israélien, sous la présidence du Premier ministre, avec pour objet l'étude de la révision d'une loi portant sur le caractère d'Israël, par l'ajout d'un texte affirmant qu'Israël est un «Etat national du peuple juif». En fait, le gouvernement israélien institutionnalise - ou veut instituer - la séparation entre Israéliens juifs et Israéliens chrétiens et musulmans (descendants des Arabes palestiniens) alors que l'apartheid est déjà une réalité dans les territoires occupés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les dirigeants israéliens veulent donc instaurer la désunion entre deux ethnies qui constituent la nation israélienne. Des hommes de gauche et des intellectuels avaient, dès l'annonce du projet de loi, condamné une initiative qui ne pouvait que mettre davantage en porte-à-faux Israël. En effet, dit autrement, le gouvernement israélien élargit l'apartheid en Israël même, incitant ainsi à la haine entre les populations juive et arabe. Le résultat ne s'est pas fait attendre avec l'incendie de l'école bilingue pourtant située en territoire israélien. Le fondateur de cette école, Shuli Dichter, qui dirige l'association «Hand in Hand» (la main dans la main), a dénoncé dimanche «une récente et dangereuse vague de racisme» à Jérusalem. Pourquoi s'en étonner? En tripatouillant la loi, en accentuant la judaïsation de Jérusalem-Est occupée, en multipliant les implantations de colonies en Cisjordanie occupée, en fermant les yeux sur les exactions de ceux qui agissent sous le label «le prix à payer» - ceux-là qui ont incendié la mosquée de Ramallah - le gouvernement israélien plutôt que le «zéro tolérance» attise la haine et le racisme condamnés partout ailleurs dans le monde. L'école qui se voulait le symbole d'une future coexistence entre Palestiniens et Israéliens a été détruite par ceux-là qui refusent de coexister avec les Palestiniens. Et nombre d'entre eux se trouvent dans le gouvernement israélien, à leur tête le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, celui-là même qui a mis un terme aux accords d'Oslo en gelant - un an après le début de la mise en application de ces accords en 1995 - le transfert de territoires à l'Autorité autonome palestinienne, créée en 1993. En vingt-ans, Netanyahu a réduit à néant toutes les avancées réalisées entre Palestiniens et Israël. Ne restent que les cendres des mosquées, des vergers, des maisons incendiées par les extrémistes israéliens ou par l'armée israélienne qui, pas plus tard qu'il y a cinq jours, détruisit à coups de bulldozer la maison d'un Palestinien tué en début de semaine à Jérusalem-Est. Chaque jour, l'Etat d'Israël montre son agressivité à l'encontre des Palestiniens. Ce sont les dirigeants israéliens par leurs agissements qui ont permis l'émergence du racisme anti-palestinien et anti-arabe israélien par son comportement envers les Palestiniens et les citoyens israéliens arabes qu'une loi va rétrograder en marge de la société. Quand on cultive la haine, vient le jour où l'on récoltera la tempête.